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Écologisme

Couac de fin du Canard Réfractaire : naissance d'un monstre écolo-nihiliste

Ce billet de (mauvaise) humeur est une réaction à la dernière vidéo du Canard Réfractaire qui synthétise la détresse des nouvelles couches moyennes, proies idéales de l’idéologie écologiste-réactionnaire actuellement en vogue.

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Par Diego T.

Lecture 7 min

Dans sa vidéo, notre Canard Réfractaire fait un bilan sans complaisance de son ancien parcours de militant écolo’ : il y détaille longuement ses désillusions, ses déceptions, et fait le constat de son impuissance à changer les choses. Pour lui, ce qu’il faut retenir de ces nombreuses années de militantisme, c’est un profond sentiment d’échec. Le Canard se dévoile : il semble que son combat, sa lutte, son militantisme vain ont eu raison de sa vitalité : il est défait, las. Ouvrant enfin les yeux sur le caractère insignifiant de plusieurs années d’engagements incessants et opiniâtres, le voilà confronté à une dure réalité : l’écologisme n’a fait qu’introduire un ensemble de comportements typés et individualisants, incapables de permettre l’édification d'une véritable alternative.

fond blanc

Le quinoa, les sarouels, l'idéal d'un monde vert, où chacun aurait une bêche et serait solidaire, tout cela précède, dans l’esprit du Canard, une dure vérité : le vert, si prometteur, n’est qu’un gris amer. Le réveil est brutal. Le Canard, s'apercevant que son rôle sur Youtube n’est pas celui qu’il croyait être, comprend que jusqu’à maintenant, il n’a fait que répondre à une certaine demande. Le voilà sur un marché. Le free market of ideas qui est fréquenté par des boulimiques de vidéos dites « politiques », et qui est tenu par des fermiers algorithmiques « malgré-nous ».

Autrement dit de la vente de « shit » – voire pire encore : la pornographie auto-flagellatoire du riot porn et l’impuissance qui va avec - et donc au Xanax™ quotidien d’une pilule bleue ou rouge comme traitement. Et ils en redemandent ! Car oui, c’est bien l’angoisse qui était motrice de leur rapport au politique : il fallait prévenir la montée inexorable des eaux et l’extinction des espèces les unes après les autres, dans le silence (hum) assourdissant des médias. Vous comprenez bien, les pandas, les glaces de l’antarctique, les dauphins sont au bord de l’extinction à cause de ces usines qui polluent et produisent des gadgets dont nous n’avons pas réellement besoin ! Ça, ça compte (Il y a du fric à faire). La nature meurt, la Terre meurt.

À force de crier à tue-tête que tout part à vau-l’eau, notre Canard démuni constate l’absence d’une conséquence politique à l’envergure appropriée, à l’envergure planétaire : il ne lui reste donc plus qu'une posture de pureté morale et il le déplore douloureusement – bien qu’un peu tard – d’où cette anxiété maladive qu’il exprime, et à laquelle certains prétendent apporter comme solution des solutions anesthésiantes, telles que celles évoquées plus haut.

C'était en fait l’emballage de sa dépression sociale mais surtout économique. Il est tombé dans un piège idéologique et il a la mort dans l'âme. Mais maintenant, que faire ? Que faire de mieux que militer ici et maintenant, mais publiquement, et sur Youtube ? Finalement, la résignation le conduit vers la « start-up nation », dont il est encore un membre malgré lui, souriant certes, agacé parfois, mais bel et bien encore dedans.

La violence à laquelle il se confronte avec l'enchaînement au sens propre et au sens figuré de conférences, et marginalement de lectures d'essais politiques d'écologie militante, allant du moyen au médiocre, pourvu que cela soit accessible pour être retransmis facilement sur sa chaîne, le mène vers une métaphysique (du) bon marché et le mode de vie de l'austérité choisie et étant prétendument la réponse immédiate que doit tenir un militant écolo’ digne de ce nom. Faux-prolo. On se raconte des histoires et un genre de vie (voire une « mode » de vie ?), pour se reconnaître entre faux marginaux.

Constat d'amertume : sa psychée est épuisée, mais il prend son cas de militant écolo’ pour une exception. Cet errement est générationnel, camarade, tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la politique sont confrontés aux mêmes désenchantements, même ceux qui sont à ta droite ! Gesticulations nevrotico-politiques. Fausse-conscience dont on ne peut pas lui faire le reproche, mais je pose l’hypothèse que son ressenti est de l'ordre du général et pas de l’exception...

Mais voilà que la critique du christianisme arrive comme un cheveux sur la soupe pour tout expliquer, avec chahut donc, nous voilà nez-à-nez avec un canard tombé dans le piège d’un certain Nietzsche. En plein dans un raisonnement sensoriel et de moraline pernicieuse arrive une critique de la religion chrétienne qui, comme chacun sait est archi absente dans notre société, en particulier à gauche... Poursuite avec un procès de la technique en bonne et due forme, pour éviter soigneusement de désigner le mode de production : le capitalisme. Effondrement ? Illusion ! Quid de l'écologie scientifique, celle qui n'est pas politique ? Peut-être peut-on repartir de là ? Que nenni ... à chacun son opinion !

Pour le dessert, le Canard prendra le dernier millénarisme à la mode, moins magique que le bug de l’An 2000 et moins distant qu’une roue en pierre faisant office de calendrier de la fin du monde. Celui-là est plus vendeur, plus sexy que l'abolition de l'état actuel des choses qui, comme son nom le suggère, est de l'ordre d'un processus, pas d'une rupture avec la violence et le drame qui charrie derrière. Le Canard vomit ce dessert post-apocalyptique. Voilà quelle était la recette pas du tout inspirée de Walking Dead de la version écologique et sinistre qu’on lui a infligée avec son consentement. Il la recrache : des tribus organisées par un chef/shaman/éleveur de moutons omnipotent, attendent la fin de la « start-up nation », autrement dit le Salut.

Littéralement la réaction c'est-à-dire : la vie, la mort, pas de joie ou rien de similaire et rien entre les deux : donc pas de problème. Mais pire que tout, pas de vieux, pas de vieilles, pas d’enfants, pas d’invalides et si je puis me permettre, pas de sagesse, pas d'expérience, pas d'histoire transmise d'une génération à l'autre. La cabane prend l’eau, nous manquons d’outils pour la réparer.

Le Canard, conscient de sa noyade, rejette son ancien Soi. Alors quelle issue ? La charia ! Oui, mais pas le vert de l'islam, la charia de ton corps. Tu consommes ; tu manges, tu chies, tu émets de la chaleur et du CO², vil acteur entropique que tu es. Alors tu restes donc superflu, parce que tu ne produis pas, tu détruis la belle et pure nature ? Misérables monades isolés que sont le Canard et ses camarades. Ton quinoa péruvien est sale et tu sais pourquoi, un certain Meadows et un certain GIEC te l’ont chuchoté, c’est alors que tu cries à tue-tête ton désir inconscient : reconnexion immédiate à la nature (autrement dit : « Môman ! »). Laquelle, par simple curiosité ? Le jardin d'Eden n'existe pas mon p'tit choux. Que tu le veuilles ou non, malgré ta névrose, tu as besoin du monde et le monde à besoin de toi puisque tu es un adulte.

Tu rêves d'un monde ou tu peux consommer sans produire (moi aussi, parfois), dans une sorte de collapse heureux. La première plaie purulente te sera fatale, mon petit canard. Et dans ces circonstances, un déménageur breton vaut dix influenceurs réfractaires. « Ah bon !? » dis-tu ? Et récupérer exprès une chemise dont le style a mal vieilli chez Emmaüs en fripe à 1€ ; c'est exactement le même Eden, changer de style vestimentaire pour éviter de changer le monde. Tu t’es coincé depuis ton corps à l'intérieur d'un monde cotonneux. Poupon. Le nihilisme du canard le tue, coincé dans son arrière monde, protégé du tout, surtout de la mort. Et donc de la vie.

Et maintenant que ton monde youtubo-twittoresque a l'outrecuidance de continuer à ne pas s'effondrer, notre canard subordonne sa vie à celle-là. Likes, retweets. C'est ça qu'il désire et devient, même s'il est au fond dégoûté par ça. Canard écrit et monte ses vidéos pendant 30 heures et le cache à son public. Il réifie le capitalisme de la consommation qu'il dénonce parfois par ailleurs (faire de bonnes vidéos est usant, chronophage, voire coûteux, mais il faut nonchalamment cacher ses balafres, l’air de rien).

Il s'accouche lui-même à un monde (merdique) qu'est la « gauche no cap » alors qu'il voulait informer les Gilets Jaunes de son coin des activités politiques et militantes d’une manière travaillée, honorable, digne. Des luttes qui comptaient vraiment. On critiquait d'un côté le catholicisme et on finit par confondre Dieu et la nature, pour à la fin des fins se prendre pour dieu himself depuis son arrière monde imaginaire et prendre bien soin de ne pas en prendre soin. Révolutionnaire impotent de la culpabilisation.

La force. Le plus fort, l'avant-garde des oiseaux palmipèdes & Cie tombent du ciel les premiers. Étaient-ce vraiment les plus forts ou plutôt les plus faibles ? Quels pathétiques anti-hérauts d'une nouvelle Église. Celle qui voulait discriminer ce qu'elle veut consommer de ce qu’elle peut consommer en oubliant dès que possible toutes les heures dépensées à produire du contenu sur Youtube. Ton sacerdoce est noir. Tout cet amour qui te remplis fait de toi un destructeur non pas de la nature pure et parfaite dans lequel tu voulais retourner mais des hommes, au travers de la nature que tu crois connaître.

Ta campagne est le produit des siècles de la conquête de cette nature idyllique, c’est pour ça qu’elle est vivable et même appréciable. As-tu oublié tes leçons de jouissance immédiate de ton jardin des morts ? Ton obsession mortifère de ce que tu crois être l'écologie (politique) et le Christ m'épuise. Pour accéder à l’immanence il faut prendre le risque de la transcendance. Tu vois du Beau là ou je vois du kitch. Dany et Raz t'obsèdent avec l'exclusivité du sensible et du subjectif, on est en plein XIXème siècle romantique allemand. (Et c'est nous les réacs ?). De quelle généalogie tu te revendiques, d'où crois-tu parler, camarade ?

Saccades, tressaillements ... soudain notre boussole pointe le Sud ! Allons-y gaiement ! On saute la barricade et on devient un client ridicule pour retourner au bercail. Vroum Vroum ! Les machines continuent de machiner (elles s'animent d'elles même comme par magie). Il n'y a plus rien à faire. Le maître kebabier nous sert de l'agneau pas cher avec le sourire (en vrai, c’est du veau). Et le covid qui déglingue des secteurs, isole des travailleurs, bousille des épargnes. Tu tiens bien, t'es un gars solide et tu te racontes des histoires avec ta Gameboy… Oui, le temps béni des Pokémons et la nostalgie de la défense anti-aérienne baghdadi qui tire dans son ciel américain 24h sur 24 sur CNN pour strictement aucun résultat contre l'Empire.

D'accord c'est pas de notre faute. Mais qu'est-ce que t'as du en chier pour remettre à tes enfants le poids de ton inhumanité ! Après moi le délire. Je vous plains – vous kiffez. Je rêve de 2 m² de plus et d'un lave-linge et toi d'une cagnotte Twitch pour tenir après la présidentielle. À chacun son kink, faut croire. Ton diagnostic psychiatrique est juste, mais effectivement je confirme : ta psychée a pris cher, très cher : « Crownfunding ». Et l'inculture crasse de la malbouffe que constitue la téléréalité « chez Dany & Raz », ton adoration devenant une adulation des visages burinés par le surtravail des GJ – sans honte, passons...

Faisons fi de la raison. En double aveugle tu reconnaissais il y a peu objectivement la pertinence de l'hôpital public et de sa bonne santé, mais maintenant, ingrat sain de corps, tu rejoins ton rhizome d'un prolétariat d'images, d'une version gauchiste de ta prison foucaldienne joyeuse. Finalement tu tombes dans le piège de l'écologie politique (faut-il rappeler que la politique concerne par définition les hommes, et pas les phénomènes naturels, et que si elles le font, c'est secondairement et en relation aux premiers !). La corruption que tu vois chez les chrétiens durs de durs et qui t'enivre de rire, et bien moi je dis que tu as la même en toi : c'est une version savoureuse, délicieuse et pas bourgeoise (si, en fait) du collapse.

D'accord tu cherches la joie, excellente nouvelle, nous partageons des valeurs. Le bonheur peut-être ? Mais d'où est-ce que ça vient, comment est-ce que ça s'élève, et est-ce la même de ta génération définitivement hors-sol par rapport à il y a 10 ans, 100 ans, 1000 ans ? Canard, des dizaines de maraîchers t'attendent au tournant pour du travail gratuit en woofing (techniquement c'est du servage, mais la théorie c’est chiant), et gare aux bullshit job, l'argent c'est surfait… Ton cessez-le-feu avec le capitalisme m’apparaît comme une arnaque, un contrat de travail signé sans scrupule.

SobriétéHeureuse.exe a cessé de fonctionner. Mon petit canard solaire, tu croyais jusqu'à présent avoir un aperçu de la vie mais tu n'es qu'un adulte qui naît lentement. Le désir que tu suggères, que tu voudrais voir façonné et diffusé en masse en vue de produire un accident historique révolutionnaire, c'est un rêve idéaliste. Ta puissance désirante contre celle de ton voisin ? Au mépris de la vérité, d'affreux philosophes ont l'audace de s'extraire du monde pour y revenir mieux armés. À l'intérieur des affres se trouvent des trésors. Finalement Canard partage le même rêve que la Macronie qu'il combat.

Moi, moi, moi, ma vie, au dépend de celles des autres, pour une fête permanente dans un wagon de métro. Ta révolution égoïste, immédiate, comme celle de l’autre version de Dany (la vicelarde, celle à la naphtaline), n'est pas celle du conducteur de la même rame de TON métro, qui par conséquent, n’est plus du même monde que toi. Un capitalisme par des jouisseurs solitaires, expurgé de sa morale écologique, un capitalisme sympa, tranquille, pépère, de l’éternel instant présent. Autrement dit un capitalisme habité de pauvres hères fantomatiques, animaliers, dans une errance sans répits, jusqu’à l’extermination.

Camarade, tu te reproches en public ton propre nihilisme, pour en dernière instance être un libéral naïf et un libertaire libertin qui ne s'assume pas. Vous faites un « plouf » avec un ami à toi devant une caméra pour témoigner de l'expression maximale de ton propos. Des gamins, vous avez la trentaine mais on dirait les débiles du Loft et vous savez que c'est vrai : vous copiez des codes que vous dénonciez. Pire, vous témoignez votre affection pour une terre que vous êtes infoutus de travailler ou de penser, et même de protéger, pour vous retrouver avec des peluches. Régression maximale. Réaction subventionnée par les tippeurs, mais de gauche.

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