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Devons-nous réhabiliter Staline ?

La récente intervention d'Aymeric Monville sur le média Sputnik est l'occasion de revenir sur la propagande incessante que l'on subit autour de Staline. Bien que cela puisse paraître secondaire, le rétablissement de la vérité n'intéresse pas seulement les communistes mais l'ensemble du camp antifasciste.

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Par Boris C.

Lecture 3 min

Cette semaine, Aymeric Monville était l’invité de l’agence de presse russe Sputnik, pour un entretien autour de la figure de Staline. Au mois de novembre dernier, le directeur des éditions Delga publiait Et pour quelques bobards de plus, un livre dans lequel il s’attaque aux principales critiques ordinairement émises sur la période stalinienne en URSS. Cette invitation lui a permis de présenter son ouvrage et d’exposer les causes de la diabolisation déjà ancienne dont l’ancien dirigeant de l’Union Soviétique fait l’objet en Occident.

fond blanc

Tout d’abord, il fait savoir que la propagande incessante sur le thème des dits crimes de Staline n’a pour conséquence que d'alimenter la résurgence du fascisme. À cet égard, le cas de Vassili Kononov est tout à fait édifiant. L’ancien partisan letton, engagé contre l’envahisseur nazi durant la Grande Guerre Patriotique, est harcelé par la justice entre 1998 et 2004. Au motif qu’il se serait rendu coupable de crimes contre l’Humanité, il est condamné à une peine de prison à l’issue du jugement (1). Cette odieuse injustice s’inscrit malheureusement dans la continuité d’une politique entamée il y a longtemps dans les pays du bloc de l’Est, où le blâme jeté sur les combattants de l’Armée rouge profite aux collaborateurs de tous bords. En effet, suite au célèbre rapport Khrouchtchev de 1956, s’amorce un vaste processus de réhabilitation des victimes de l’ère stalinienne, dont bénéficient parfois des criminels de guerre à la solde de l’Allemagne nazie, à l’instar du lieutenant-général Helmuth von Panwitz. Mais le véritable scandale réside selon Monville dans les aberrations historiographiques auxquelles la campagne actuelle sur le communisme soviétique aboutit.

C’est ainsi que le 19 Septembre 2019, dans une quasi unanimité, une résolution sur « l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe » est adoptée par le Parlement européen. Désormais, le 23 Août est une date où l’on commémore « les victimes du stalinisme et du nazisme ». Une fois de plus, à grand renfort de déclarations mielleuses sur le totalitarisme, communisme et nazisme sont renvoyés dos à dos. Ce genre de réécriture de l’Histoire est d’autant plus écoeurant qu’en y ayant recours, comme le fait remarquer à juste titre Monville, on occulte le rôle déterminant du capitalisme dans l’éclosion du barbarisme nazi. Indépendamment de toutes ces observations sur le rapprochement frauduleux entre l’URSS et le Troisième Reich, il est également question au cours de l’entrevue des chiffres réels de la répression stalinienne, sur lesquels, faute de sérieux parmi les tenants de l’Histoire officielle, toutes les outrances sont autorisées.

Monville rappelle que l’un des auteurs les plus cités sur l’histoire de l’Union Soviétique n’est autre que Robert Conquest, dont les liens avec l’Information Research Department, organe des services secrets britanniques, ne sont plus à démontrer. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit l’expression de « Grande Terreur » associée aux purges de 1937 et 1938, dans un livre éponyme de 1968. À cette trop grande influence des supposés spécialistes, toujours très partisans dans leur démarche, s’ajoutent les énormités d’Alexandre Soljenitsyne, le dissident bien connu. Selon lui, les morts sous le seul règne de Staline s’élèveraient à 100 millions. En réalité, loin des chiffres gargantuesques dont les thuriféraires de l’anti-soviétisme traditionnel sont si friands, Monville, qui s’appuie sur des historiens ayant eu accès aux archives de la période, révèle que le nombre de victimes est infiniment plus faible. Les fantasmes sur le goulag ne résistent pas à l’épreuve des faits, comme nous l’indique Viktor Zemskov, que Monville cite abondamment, dans une étude de 1993 (2).

De la même façon, le mythe de l’Holodomor, qui suppose que la direction stalinienne aurait volontairement affamé le peuple ukrainien en 1933, ne peut plus être tenu pour une vérité inébranlable. L’historien américain Mark Tauger infirme cette thèse, en décrivant minutieusement toutes les catastrophes naturelles qui ont engendré cette famine tragique (3). À la lumière de toutes ces découvertes, tout comme le précise le journaliste qui fait face à Monville au début de l’émission, il nous est plus facile de comprendre pourquoi les Russes n’ont pas du tout le même regard que l’Occident sur Staline. D’ailleurs, encore aujourd’hui, il jouit d’une popularité indéniable aux yeux de la majorité d’entre eux (4).

Pour autant, faut-il réhabiliter Staline ?

Monville est très clair, il n’est pas question de réhabiliter Staline. La dénonciation des mensonges de la classe dirigeante, à laquelle sont affiliés les experts autoproclamés de l’histoire de l’URSS, ne doit pas nous rendre aveugle quant aux excès du pouvoir soviétique. Seulement, le respect de la vérité historique n’est pas un devoir dont seuls les militants communistes doivent se prémunir. Cela concerne, comme le dit Monville, tous les amoureux de la paix. Si le fanatisme envers Staline n’a pas lieu d’être, il est en revanche légitime de se souvenir du personnage comme le vainqueur de la seconde guerre mondiale, sans lequel jamais les monstruosités élaborées par le fascisme n’auraient pris fin. Le général de Gaulle lui-même en était conscient, lorsqu’il déclarait lors de sa rencontre avec Staline le 2 Décembre 1944 : « Les Français savent ce qu'a fait pour eux la Russie soviétique et ils savent que c'est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération » (5).


Notes :

(1) Robert Charvin détaille toutes les étapes de l’affaire dans le livre “Faut-il détester la Russie ?”
(3) Voir “Famine et transformations agricoles en URSS”, Mark Tauger, éditions Delga, 2017.
(4) Staline, personne la plus remarquable au monde selon un sondage en Russie.
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