Le 12 juin, manifestons contre l’extrême-droite et développons un grand mouvement antifasciste
Un collectif militant appelle à des manifestations sur tout le territoire le 12 juin contre les idées d’extrême-droite. Cette manifestation est nécessaire mais ne sera pas suffisante pour mettre fin à la fascisation du pays.
La fascisation de la société française est aujourd’hui une évidence. Bien que ce processus ait débuté depuis au moins 40 ans, il ne commence à apparaître dans toute sa gravité aux yeux de tous que depuis peu de temps. Les récents évènements, comme les tribunes de militaires factieux dans un journal d’extrême-droite, le renforcement du Rassemblement National, l’autoritarisme croissant de la politique de Macron, sont autant d’éléments qui rendent ce constat manifeste.
Face à cela de nombreuses initiatives locales et nationales émergent. L’« Appel pour les libertés », contre les idées d'extrême-droite, réunissant des dizaines d’organisations progressistes, qu'elles soient des syndicats, des partis ou des associations allant du centre à l’extrême-gauche, montre bien la prise de conscience collective de la gravité de la situation. L’IHT se positionne également pour une participation à la manifestation du 12 juin et pour un développement d'un collectif de lutte antifasciste, que ce soit au niveau national ou local.
Il faut rappeler que le processus de fascisation est le produit des contradictions internes de notre mode de production. Dans l’histoire, le fascisme est la roue de secours du capitalisme, il est son bras armé quand celui-ci entre en crise.
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Nous avons affaire à un nouveau fascisme dont la forme n’est plus la même que le fascisme de guerre (mussolinisme et nazisme) mais dont le contenu demeure : surveillance de masse, contrôle, libéralisme autoritaire, en sont des caractéristiques, sans oublier ses formes belliqueuses et impérialistes qui sévissent encore dans le monde (répression des militants en Inde, en France avec les Gilets Jaunes, au Chili, Moyen-Orient, Colombie, etc.).
Les organisations d'extrême-droite, elles, se développent en s‘appuyant sur le soutien de la classe dirigeante, qui en a besoin comme épouvantails électoraux ou comme outils de répression du prolétariat. La suppression de la démocratie parlementaire, ainsi que des libertés démocratiques, apparait de plus en plus nécessaire pour les capitalistes afin d’accroître toujours plus l’exploitation. Le soutien de Bolloré au Rassemblement National, à travers le groupe Canal+ qu’il possède, est une preuve de ce soutien des capitalistes envers le fascisme. Paradoxalement, du fait de la faiblesse des organisations révolutionnaires et de la domination idéologique de la bourgeoisie, ce sont les fractions du prolétariat et de la petite bourgeoisie paupérisée par le développement du capitalisme, qui peuvent soutenir électoralement ou politiquement les organisations fascistes, ce qui contribue à accélérer le processus dont elles sont victimes. C’est pourquoi l’organisation d’un mouvement unitaire contre les idées d’extrême-droite est tout à fait salutaire dans la situation actuelle.
Pour autant, il est nécessaire de dépasser la seule mobilisation citoyenne ou civique en faveur des libertés et contre l’extrême-droite si l’on veut développer un véritable mouvement capable de contrer le fascisme. Seule une mobilisation sur des bases de classe exprimant clairement le caractère capitaliste de la fascisation et le caractère nécessairement prolétarien de la réponse à apporter pourra obtenir une victoire contre le fascisme. C’est pourquoi le travail de formation au marxisme, d’agitation militante, de lutte pour l’hégémonie culturelle est indispensable. Les luttes syndicales ainsi que les luttes politiques pour le développement d’organisations communistes et le développement d’un parti communiste de masses sont également une partie essentielle de ce combat contre le fascisme. Enfin, l’étude des luttes des années 1930 en France, si elle ne doit pas être abordée de manière dogmatique, est nécessaire à la compréhension de la nécessité des combats actuels à mener. Bien sûr, la situation est très différente et la défaite du camp socialiste en Europe dans les années 1990 a terriblement affaibli les mouvements populaires.
Malgré la situation qui évolue de manière dramatique, tout n’est pas perdu. La combativité dont ont fait preuve les travailleurs français depuis 2016 et la volonté affirmée par la majorité des membres des classes populaires de vivre en paix et de voir ses conditions de vie s’améliorer, représente une base sociale potentielle pour un mouvement communiste capable de s’organiser et de s’adresser largement aux travailleurs.
La manifestation du 12 juin peut donc être une étape fondatrice d’un grand mouvement antifasciste, mais elle ne pourra pas être la seule solution à la fascisation en cours, et devra nécessairement se poursuivre sur des bases révolutionnaires.