Répression meurtrière en Colombie : solidarité avec le peuple colombien !
La Colombie est traversée depuis une semaine par une forte mobilisation sociale. La répression policière est brutale : déjà plus d’une trentaine de morts et plus de 800 blessés.
La vague de violence qui s'abat sur le peuple colombien depuis le 28 avril s'ancre dans un contexte social et politique bien précis.
L’élection d’Iván Duque à la tête de la Colombie en 2018 a plongé le pays dans la crise et la misère.
Depuis le début de son mandat sa politique est axée sur le volet sécuritaire, avec l’augmentation considérable des dépenses militaires et l’exacerbation des risques de conflits armés au sein du pays et à la frontière (1).
C’est également un moyen de renforcer son appareil répressif afin de pouvoir l’utiliser contre sa propre population. Sans oublier que la corruption est très répandue au sein de la police colombienne.
Ce sont des dépenses excessives pour un pays où plus de 40% de la population vit sous le seuil de la pauvreté !
À cela se rajoutent de multiples réformes libérales au service de la classe dirigeante et des transnationales.
Le gouvernement s’attaque aux retraites par la privatisation puis cherche à flexibiliser le marché du travail, renvoyant à la précarité une multitude de colombiens.
À la fin de l’année 2019, une grève nationale accompagnée de manifestations exprimait déjà la colère d’un peuple méprisé.
L’épidémie de la COVID 19 est venue asséner un nouveau coup dur aux colombiens. Le pays est l’un des plus touchés d’Amérique Latine avec le Brésil.
C’est soi-disant pour lutter contre la pandémie que le gouvernement de Duque impose sa réforme fiscale. Le message est clair : ce sont les plus précaires et les classes moyennes qui seront impactés.
Augmentation de la TVA sur de nombreux services et besoins essentiels, gel des salaires, coupes dans les programmes sociaux déjà très faibles sont autant de mesures prévues par cette réforme fiscale. De plus, le plancher de l’impôt sur le revenu est abaissé.
C’est cette accumulation d’attaques envers les travailleurs, les classes populaires et moyennes, qui pousse le peuple colombien à la grève nationale le 28 avril.
Mais comme partout, lorsque les travailleurs ont le courage de se soulever, la classe dirigeante est sans concession.
Après une semaine de manifestations, plus d’une trentaine de civils ont été assassinés par les forces de police ! La répression est arbitraire. La police tue sans sommation et de nombreux manifestants sont blessés, emprisonnés.
Évidemment, les médias dominants du pays voilent les faits et inversent la réalité.
Les manifestants sont associés à des terroristes ou à des membres des guérillas locales et leur prétendue violence est condamnée.
Pourtant, les nombreuses vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux ne laissent aucun doute sur l’ignominie de la répression gouvernementale.
Une grande partie des villes sont désormais militarisées et l’état de siège serait envisagé par le gouvernement.
Le mouvement dépasse la contestation de la réforme fiscale. Le peuple est toujours dans les rues malgré son récent retrait. C’est toute la politique de Duque, et plus largement de l'uribisme (2), qui est combattue et à travers elle la domination capitaliste sur les travailleurs exploités.
La classe moyenne, tout autant visée par la réforme, vient grossir leurs rangs, renforçant l’unité populaire.
La situation en Colombie est alarmante. Nous assistons une nouvelle fois au même processus de fascisation qui embrase de nombreux pays du monde depuis plusieurs années. Lorsque l’ordre capitaliste est menacé, c’est la voie qu’il choisit pour imposer violemment sa domination sur les classes exploitées.
N’oublions pas que la situation en Amérique Latine est tendue et la lutte de classe accrue. Rien qu'en 2019 ce sont entre autres : des violentes contestations en Équateur et au Chili, un coup d'État fasciste en Bolivie contre le socialiste Morales, une opposition droitière à Maduro au Vénézuela avec Juan Guaidó ainsi que la contestation en Colombie.
Le continent se déchire entre forces réactionnaires d’un côté, socialistes et révolutionnaires de l’autre. Ces dernières sont le seul rempart contre le fascisme et l’impérialisme étasunien (3).
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Le peuple colombien méprisé, assassiné, ne peut que recevoir toute notre solidarité. Son courage est exemplaire !
Pour en savoir plus, nous vous conseillons cet échange entre Romain Migus et Fabien Lasalle :