Thomas Sankara, fer de lance de l'anti-impérialisme
Thomas Sankara, en digne révolutionnaire marxiste, n’a jamais perdu de vue l’essentiel : le combat pour l’émancipation des peuples est tout d’abord un combat de classe, qui implique l’union des masses laborieuses des différents pays contre la bourgeoisie impérialiste.
On commémorait le 15 octobre dernier les 34 ans de l’assassinat de Thomas Sankara, dirigeant communiste, révolutionnaire et anti-impérialiste du Burkina Faso de 1983 à 1987, et figure de proue d’une Afrique sur le chemin de l’émancipation.
Durant ses quatre années au pouvoir, Thomas Sankara s’est battu inlassablement contre l’ingérence politique, militaire et économique des États impérialistes et de l’OTAN sur les pays africains, et s’est illustré notamment par son refus catégorique de « payer la dette ». (1)
Il était également le porte-parole d’une nation, d’un continent, d’un peuple qui refuse d’être considéré comme des victimes et des miséreux.
« L’aide alimentaire que nous avons reçue, malheureusement, au lieu de nous aider à nous développer, nous a maintenue dans une mentalité d’assistés (...). L’aide alimentaire fait que les paysans de chez nous qui auraient pu produire ne peuvent plus produire, parce que quand ils produisent, ils n’arrivent plus à vendre. C’est le surplus des paysans des autres pays qu’on nous amène ici. Nous, nous demandons autre chose. Celui qui veut vraiment nous aider peut nous donner des charrues, des tracteurs, des engrais, des insecticides, des tuyaux, des arrosoirs, des barrages, des forages, etc. Ça, c’est de l’aide alimentaire. Mais ceux qui nous amènent des sacs de blé, de millet, de maïs ou du lait, ceux-là ne nous aident pas. » (2)
Sous couvert de bons sentiments et d’un discours bienveillant sur la misère, en effet, la bourgeoisie impérialiste empêche en fait totalement les pays qu’elle prétend aider de se développer, d’acquérir leur autosuffisance et leur autonomie.
Ceci peut se comprendre facilement : la bourgeoisie internationale n’aurait en effet aucun intérêt à voir émerger de nouveaux concurrents que deviendraient ces pays s’ils venaient à réellement se développer de façon indépendante. Il lui est beaucoup plus intéressant de continuer d'exploiter leurs ressources et leurs travailleurs au coût le plus bas possible.
À l’inverse d’un certain panafricanisme racialiste, qui nous éloigne du combat de classe, Thomas Sankara avait saisi la nécessité d’un internationalisme bien compris, c’est-à-dire, non pas un anti-nationalisme ni un a-nationalisme, mais la compréhension des nations dans une coopération à l’échelle internationale, entre les nations, l'entraide des peuples prolétaires souverains sur leurs nations respectives, contre les exploiteurs impérialistes.
« Les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Mais ceux qui veulent exploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe. Nous avons un ennemi commun. » (3)
Les prolétaires français et africains doivent s’unir et conduire une politique anti-impérialiste contre la classe dirigeante, et notamment la bourgeoisie française, qui maintient dans un état de misère à la fois la population de son propre pays, mais aussi celle des pays africains.
Thomas Sankara incarnait le symbole d’un peuple qui prend conscience de ses intérêts de classe et de ses intérêts nationaux. Son enseignement reste riche et fécond, et, en cette période charnière, ô combien nécessaire.
Notes :