Confinement pour les non vaccinés en Autriche : symbole d'une Europe à feu et à sang ?
Après la fermeture des restaurants et espaces de loisirs, c’est bien une assignation à résidence dont vont être victimes les Autrichiens non-vaccinés. Ségrégation et dictature qui vont crescendo, prélude pour la France d’ici la fin de l’année ?
Alors que le passe sanitaire est prolongé en France jusqu’à l’été 2022, qu’une troisième dose arrive pour les plus de 65 ans, que les territoires ultramarins s’enflamment (1), la dictature sanitaire va croissante dans les pays voisins, au sein d'une Europe en totale décrépitude. L’Autriche s’érige en parangon de ce piteux état de gestion de crise de la Covid-19, laissant présager un possible exemple à suivre pour la France : confiner presque un tiers de la population, au seul motif d’une non-vaccination. (2)
L’ancien chancellier Sebastian Kurz (Österreichische Volkspartei, abrégé en ÖVP), après des accusations de corruption et d’abus de confiance – bien qu’il démente ces déclarations - a donné sa démission début octobre 2021. En sus, neuf autres prévenus et trois associations font l’objet d’enquêtes, avec des perquisitions effectuées. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Alexander Schellenberg, succède donc à son homologue. La coalition du parti populaire ÖVP est maintenue, jusqu’en 2024, avec les Verts (Die Grünen, toujours pieds et poings liés avec les libéraux et réactionnaires). C’est un changement apparent, qui n’édulcore en rien le « système Kurz », toujours bel et bien en place ; preuve s’il en faut du maintien à des postes clés de ses hommes-liges comme la ministre de l’Agriculture (Agrarministerin) Elisabeth Köstinger, le ministre de la Chancellerie (Kanzleramtsministerin) Karoline Edstadler et le ministre des Finances (Finanzminister) Gernot Blümel ; tous vouent une fidélité aveugle à l’ancien chancelier.
Cette coalition écolo-conservatrice se démarque par son autoritarisme a peine voilé, comme peut le signaler le dernier renvoi de jeunes filles musulmanes dans leur pays d’origine. La crise de la Covid-19 n’exacerbe que trop des tendances néo-fascisantes, en gésine dans le capitalisme, bien mises en lumière par les travaux de Michel Clouscard (3).
Les mesures dites « d’urgence sanitaire » se conjuguent avec de lourdes attaques contre le monde du travail et des restrictions des libertés publiques… qui tendent à se pérenniser, voire à se naturaliser. C’est un fascisme qui ne dit pas son nom, « qui rampe, flotte, [et] quand il montre le bout de son nez on dit : "c’est lui ? vous croyez ? Il ne faut rien exagérer !" Et puis un jour on se le prend dans la gueule et il est trop tard pour l’expulser », comme le signalait déjà Françoise Giroud.
Après avoir suivi l’exemple de l’Italie en matière de contrôle sanitaire sur les lieux de travail même ; contrôle d’un test, d’une vaccination ou d’une guérison, étendus au-delà de la sphère « événementielle ». La règle des « 3G » implique un contrôle accru sur les travailleurs eux-mêmes, renforçant la précarité et les inégalités chez ces derniers, avec des amendes pour les « dissidents ». (4)
Mais le gouvernement autrichien s’enfonce plus loin dans la fascisation en généralisant le confinement aux non-vaccinés, une « première mondiale » (sûrement pas la dernière…) ; peut-on encore aller plus loin ? N’est-ce pas une preuve suffisante de la dérive autoritaire d’un capitalisme en situation sénile et moribonde, de plus en plus difficilement occultée derrière les mesures dites « sanitaires » ? L’arbre sanitaire cache la forêt nauséabonde du capital en putréfaction ; les contradictions du capitalisme sont révélées par la Covid-19.
Le soi-disant sens du devoir, et l’appel à une « union sacrée » contre ces fâcheux non-vaccinés, par la faute de qui nous serions dans une telle situation, ne tient plus. Ce scénario ne fait que diviser les populations, la classe travailleuse, qui supporte depuis trop longtemps l’incurie de ses dirigeants, fraichement abreuvés aux dogmes européistes du libre-échange et de la destruction des services publics. (5)
« On croit mourir pour la patrie mais on meurt pour des industriels » disait déjà Anatole France au sortir de la Première Guerre mondiale. La classe capitaliste veut nous faire supporter, veut externaliser – pour reprendre son vocable technocrate - les conséquences de ses choix politiques désastreux. Ces fautes inexcusables de sabotage des hôpitaux et de l’industrie nationale ne sont pas oubliées.
Le bilan calamiteux – et ce n’est malheureusement pas fini – de la gestion de la crise de la Covid-19 par les pays capitalistes n’est plus à démontrer, en comparaison de celle des pays socialistes.
La décision prise par l’Autriche n’est pas anodine. Elle témoigne un peu plus de l’engouffrement des dirigeants européistes dans leurs contradictions. La santé n’est pas neutre, elle est profondément traversée par des rapports sociaux et idéologiques. L’apartheid sanitaire s’institutionnalise à grands pas, avec des conséquences accrues sur le « travailleur collectif » ; la lutte n’est plus une option, elle devient une nécessité. Nos compatriotes guyanais et martiniquais en savent quelque-chose : ils nous montrent actuellement la voie à suivre, et surtout, à poursuivre.