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Covid-19

Covid : Camps de concentration en Australie fasciste

L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont franchi la ligne rouge. La quarantaine pour les voyageurs se transforme en détention arbitraire. L’univers concentrationnaire capitaliste s’étend pour enfermer migrants et citoyens nationaux.

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Par Marius P.

Lecture 10 min

La quarantaine existe déjà dans de nombreux pays et est une manière ancienne et parfois efficace d’endiguer une épidémie. La fermeture des frontières est un choix rationnel quand on veut éviter la propagation d’une pandémie dans son pays. L’usage de la contrainte est nécessaire : sinon, ce n’est tout simplement pas une politique de quarantaine, qui reste un enfermement.

Cependant, la pratique de la quarantaine s’inscrit nécessairement dans le cadre d’une politique publique et d’une stratégie. Cette stratégie peut avoir pour but de guerre de stopper la progression du virus. Elle peut aussi être animée par des buts moins relatifs à la santé qu’à la politique. Ce que l’on observe en Australie, en Nouvelle-Zélande et ailleurs, c’est le glissement certain d’un régime politique en un autre. Malgré l’évidence des analogies avec notre propre dictature « sanitaire » en France, savoir ce qu’il se trame réellement reste difficile. En effet, cette trame est brouillée non tant par une stratégie consciente de la part d’une élite mais par du bruit, c’est-à-dire un tas d’informations inutiles ou fausses qui tord et recouvre la logique du déroulement des événements. Peu de gens se risquent alors à tirer des conclusions, de peur d’être assaillis par des « fact-checkeurs » et autres zélotes bruyants à la solde des monopoles médiatiques.

C’est pourquoi il est nécessaire de ne pas essayer de faire une chronique servile des événements : il est possible de tirer des informations tout et son contraire, ou alors n’extraire aucune idée et se contenter de relayer ce que disent les témoins, en les hiérarchisant selon la légitimité qu’on leur octroie en vertu de critères généralement douteux. Il faut expliquer et non seulement décrire. L’explication requiert une hauteur de vue que seule une grille de lecture déjà éprouvée par les faits peut rendre possible. Cette grille, c’est celle de la compréhension de l’ère dans laquelle nous vivons, celle de l'impérialisme.

Des camps de concentration pour immigrés, et maintenant pour citoyens nationaux

« L’impérialisme est l’époque du capital financier et des monopoles, qui provoquent partout des tendances à la domination et non à la liberté. » (1) Pour pouvoir conforter l’assise de l’oligopole des hydrocarbures (2) sur le territoire national et à l’étranger, les Barons des mines et des puits ont acheté les partis politiques, engraissé les élites scientifiques et les médias pour faire passer les entreprises polluantes pour des champions du développement durable et fait égorger les populations de Papouasie Nouvelle-Guinée par la main de leurs auxiliaires indonésiens. La dynastie Elomar de Sydney concentre toute la vilenie de cette classe sociale qui règne en maître absolu sur l’Océanie : Mahmoud et Ibrahim Elomar truandent les Papous qu’ils exploitent pour construire une « forêt durable » tandis que Mohamed coupe des têtes de soldats syriens.

Aujourd’hui, l'Australie construit des camps de concentration partout : d’abord en Papouasie Nouvelle-Guinée puis à Nauru, pour sous-traiter la détention des immigrés clandestins, et sur le territoire national, pour interner ses propres citoyens. Les « Cipayes » (3) de Nauru, laquais du pouvoir impérialiste australien qui pilote à distance le gouvernement local, ne seront plus les seuls à détenir le privilège de parquer des humains. Désormais, l'Australie dispose de deux camps dans leur Territoire du Nord, à Darwin et Alice Springs. On nous reprochera sans doute d’effectuer des rapprochements entre des conditions qui n’ont pas de rapport entre elles. Ces bien-pensants myopes ne verront pas l’immense grillage concentrationnaire tomber à leur tour sur eux.

Des témoignages dans tous les sens qui désorientent l’opinion

Les opposants à la politique sanitaire doivent « fermer leur gueule et foutre leur opinion dans le derrière ». Voilà ce que jacte le ministre du Territoire du Nord avec ses yeux injectés de sang. En plus des menaces des ministres, les citoyens font face à une police déchaînée. À Melbourne, des officiers sont chargés de vérifier les tasses des gens pour savoir s’ils enlèvent bien leur masque pour boire. D’autres tabassent un homme qui le baisse pour fumer. Dans une station de métro, un policier attaque par derrière un homme pacifique et lui fend le crâne. Et si les réfractaires s’assemblent pour protester contre la tyrannie, ils reçoivent la volée de balles qu’ils méritent.

Pour accompagner ce glissement vers la tyrannie, les médias officiels, australiens comme étrangers, diffusent des messages pour rassurer, c’est-à-dire endormir, la population. Il faut absolument étouffer le « petit fonds de vérité » de ces odieuses théories du complot. Au Canada, aussi, on s’inquiète. Le gouvernement canadien cherche lui aussi à construire quelques « sites de quarantaine » afin d’augmenter les capacités d’accueil. Il tente alors de rassurer les gens en citant deux exemples : l’Inde… et l’Australie. Ils veillent en particulier à ce que les citoyens ne se rendent pas compte qu’ils ont été placés sur une pente glissante et que les limitations posées par les politiques à la violation des libertés fondamentales sont sans cesse repoussées. Par exemple, le camp d’Howard Springs était censé uniquement accueillir des Australiens bloqués à l’étranger. Pourtant, dans les localités indigènes de Binjari et de Rockhole, l’armée a été mobilisée pour y interner des cas positifs et « cas contacts ».

LCI se fonde sur le témoignage d’un habitant, Luke Ellis, pour démentir les accusations d’internement forcé adressées aux autorités, et sur une capture d’écran faite par le premier ministre du Territoire du Nord d’un communiqué du « Northern Land Council ». Or, ce que le site omet de dire, c’est que ce M. Ellis est lui-même membre du service de santé local et que son compte a été créé très récemment : deux signes que les « fact-checkeurs » relèvent, généralement, pour identifier les comptes trolls. De plus, le témoignage de cet homme a été relayé de nombreuses fois par des médias et comptes officiels. Néanmoins, il faut aussi signaler que de nombreux témoignages douteux ont aussi été publiés par des opposants au camp, lançant de fausses rumeurs de brutalités de la part des militaires ou de vaccinations forcées, comme cette « Fédération Souveraine des Tribus Originaires » qui regroupe une poignée d’inconnus se filmant autour d’un canapé pour dénoncer le déploiement d’« armes chimiques » en vue d’un « génocide ». Certains parlent d’ailleurs d’un phénomène de « Blackfishing » : la cooptation d’indigènes par des organisations militantes issues de la petite bourgeoisie commerçante urbaine pour s’attirer la sympathie de l’opinion publique.

La tyrannie s’installe dans le pays

Un témoignage retient cependant l’attention. Celui de Hayley Hodgson, une ancienne internée, recueilli par un journaliste de UnHerd. Il a troublé l’opinion en présentant, vidéos à l’appui, le traitement arbitraire et déshumanisant des autorités australiennes.

Sans prévenir, des policiers en civil ont toqué à sa porte. L’adresse de la jeune femme avait été communiquée par des inspecteurs de police qui l’avaient traqué et relevé sa plaque d’immactriculation. Soupçonnée d’être « cas contact », elle est interrogée. Bien qu’elle n'ait pas été testée, on lui assure que rien de grave ne va se passer. Quelques heures plus tard, un fourgon bloque son garage pour la piéger. Des hommes en uniforme sortent : « C’est pour me faire tester ? » demande Mme Hodgson. « Non, on va t’emmener ». Les policiers tentent encore de rassurer la jeune femme par de faux sourires : si le test qu’on va te faire est négatif, tu pourras revenir chez toi, lui dit-on. La porte du fourgon se referme alors sur Mme Hodgson. « En fait, on va t’interner pour quatorze jours ».

Une fois arrivée, des gardes en combinaison hermétique l'emmènent dans ses quartiers. Dans sa pièce, elle devra regarder passer les jours toute seule. Aucun médecin ne vient faire de contrôle médical et personne ne se soucie de savoir si elle a des symptômes ou si son état est dégradé par le virus dont on prétend pourtant soupçonner la présence dans son corps. Les gardes se contentent juste de venir déposer une fois par jour à la porte la ration du jour. Les règles sont martiales, on n'a pas le droit de sortir de la cabine, sauf pour faire la lessive. Aux récalcitrants, on menace de prolonger l’internement ou on leur propose du Valium, un sédatif, pour les calmer. Doit-on alors s’étonner que dans le camp, une femme soit décédée pour des raisons inconnues et non liées au Covid-19 et qu’on a ramené dans sa chambre un vieillard pour le laisser mourir ivre ? Avec ces deux cas, il y a déjà plus de morts dans le camp de Howard Springs que de morts du coronavirus dans tout l’État !

Mais que valent les témoignages d’anciens internés choqués face à celui de journalistes se fondant sur des communiqués officiels et des déclarations d’hommes politiques qui sont évidemment de bonne foi ? Il est assez amusant de voir que les « décodeurs » reprennent les mêmes méthodes que ceux qu’ils dénoncent : nier les faits, citer des politiciens et faire appel à des témoignages allant dans leur sens. Le Washington Post a ainsi publié le témoignage positif d'un de ses gratte-papiers, Robyn Dixon, qui a dû être interné pendant 14 jours, afin de rassurer les gens. Après tout, pourquoi se plaindre quand on est logé dans des petites huttes charmantes au milieu des arbres d'eucalyptus ? Il est vrai que les conditions de détention sont meilleures que celles des réfugiés parqués en Nouvelle-Guinée. Un d'entre eux a préféré avaler des lames de rasoir que de continuer à vivre comme une bête en cage. Notre bobo de journaliste préfère quant à lui avaler du thé. On peut néanmoins se demander pourquoi des gens s’évadent des camps, comme trois adolescents le premier décembre dernier ou encore un homme de 27 ans le vendredi d’avant.

Le virus, lui, ne fuit pas des camps, comme l’affirme le Premier ministre Scott Morrisson qui s'est félicité du travail accompli. On peut le croire, car il est probable qu'il n'y a même pas de virus à l’intérieur.

L’indifférence des couches petites-bourgeoises de la société

Un autre camp est quant à lui cours de construction, le « Melbourne’s Centre for National Resilience ». Les habitants du lotissement du coin n'ont pas été choqués par cette installation. En bons boomers petits-bourgeois, ils ont préféré se plaindre que l'installation d'un Lager baissera à coup sûr le prix de leurs biens immobiliers et que les internés leur refileront le virus. Ils disent oui pour construire des camps pour « protéger » les gens de l'épidémie, mais, comme le disait le grand comédien George Carlin, not in my backyard.

La gauche « antifasciste » ne vaut pas mieux que les boomers propriétaires de droite qu’ils se plaisent à critiquer. On s’attendrait à ce que l’équipe des iels de gauche dénoncent le biopouvoir autoritaire néocolonial et patriarcal australien qui nie aux personnes, et surtout aux femmes, le droit à disposer de leur propre corps, et dressent une généalogie de la gestion des corps remontant au colonialisme, à la pratique concentrationnaire et génocidaire devenue là-bas un véritable savoir-faire national. Il n’en est rien. Où sont passé.e.s ces antifascistes d’opérette ? Au centre de vaccination. Cette petite-bourgeoisie-là préfère taper sur le prolétaire conspirationniste plutôt que sur l’oligarque.

La réaction effrayée de certains citoyens face aux menaces des ministres proférées à leur encontre paraît excessive à ces gens qui pensent bien comme il faut. Hors contexte sont aussi les avertissements face aux penchants traditionnels des politiciens pour le contrôle des corps, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis (4). Puisque les journaleux.s.e.s veulent du contexte, donnons-le ici. Ces gens dont l’inculture et la pratique de l’omission volontaire sont d’excellent adjuvants de leur servilité ont sans doute oublié le lourd passif de l’Australie dans le domaine, qui n’a fermé sa Société eugéniste de Victoria qu’en 1961. Les Organisations des personnes handicapées d’Australie ont signalé en 2018 que la stérilisation forcée des handicapés, surtout des femmes et des filles ainsi que des intersexués est toujours légale dans certains États d’Australie. Encore une fois, certains rétorqueront que tout cela n’a pas de lien avec l’affaire en cours. Sans doute n’ont-ils jamais appris à relier les points quand ils étaient enfants. Le contrôle des corps des citoyens, des sous-citoyens et des étrangers se fait par des modalités différentes, pour des fins différentes et selon des intensités différentes, mais au service d’un même pouvoir d’État, lui-même à la botte des grands groupes capitalistes.

Mettre en cage les peuples enracinés

Penchons-nous donc sur la logique qui guide la construction des camps. Les gouvernements bâtissent des « sites de quarantaines » pour augmenter les capacités d’accueil. Or, ces sites sont destinés à accueillir des voyageurs. Par conséquent, la nécessité d’augmenter les capacités ne peut être due qu’à un relâchement planifié du contrôle des flux frontaliers. Cela signifie que les politiciens préfèrent ouvrir les frontières et parquer les gens plutôt que de fermer les frontières et de laisser les gens aller et venir librement à l’intérieur du territoire. La mobilité internationale est donc privilégiée au détriment des libertés civiles. Les Aborigènes, à Binjari et Rockhole, sont les plus grandes victimes de cette ségrégation des mobilités. Ce n’est assurément pas par hasard. L'État de l’Australie de l’Ouest a pourtant choisi une voie différente depuis longtemps en décidant de fermer ses frontières aux citoyens des autres États pour protéger les siens et les rendre libres de profiter de cette terre qui est la leur. Cette stratégie a marché et a justement permis d’éviter la contagion. Néanmoins, dans un vulgaire élan opportuniste, le ministre de l'État, Mark Mc Gowan, a décidé d’amorcer l’ouverture de ses frontières non pas aux nationaux qui sentent encore la peste, mais aux touristes étrangers et aux investisseurs.

Ainsi, comme le dit si bien Paul Kingsnorth, « le Covid est une révélation. Il a mis à nu les déchirures du tissu social qui ont toujours été là mais qui pouvaient être ignorées en des temps meilleurs ». Le fonds pourri de la société impérialiste est remonté à la surface. Le peuple australien doit arracher son destin des mains des maîtres de l’Océanie pour pouvoir se libérer eux-mêmes et les peuples alentour avec lesquels ils risquent un jour de languir dans les mêmes cachots.

Français, prends garde. Ton nom est déjà inscrit dans les cellules que bâtissent tes maîtres aujourd’hui pour les étrangers. Le « guantanamo à la Française » que souhaite Ciotti, dans un contexte d’hystérie sanitaire, ne leur sera pas destiné exclusivement, et aucun Français ni aucun étranger ne sera véritablement chez lui en France.


Notes :

(1) Lénine, Impérialisme, stade suprême du capitalisme, Marxists.org, s.l., 1907, p. 67.
(2) Santos, Woodside, Origin, LNG, Pangaea, Shell, QGC…
(3) En référence aux troupes coloniales indiennes à la solde des Britanniques.
(4) Dr. Mark Mosley, « Covid-19 and Eugenics in 2020 », Emergency Medecine News, 28 nov. 2020.
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