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Lutte des classes

Profits de Total : l’argent doit revenir aux travailleurs

Tandis que les Français subissent avec peine l’augmentation des prix de l’énergie, Total réalise ses meilleurs bénéfices sur leur dos. Une fois de plus, la nécessité d’en finir avec la propriété capitaliste apparaît clairement.

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Par Aurore B.

Lecture 4 min

La flambée des prix du gaz et du pétrole l’an dernier a permis à Total Energies de réaliser le plus grand bénéfice net annuel de son histoire, 19 milliards d’euros, soit une hausse de 28% après un précédent record de 16 milliards en 2021. Si l’on regarde le bénéfice ajusté, il est quant à lui de 36,2 milliards, excluant 14,8 milliards de pertes liées au retrait de la Russie. Cela témoigne de l’énorme rentabilité du géant pétrolier puisqu’il réussit à réaliser un bénéfice record alors qu’il a dû se retirer d’un de ses principaux marchés. Si l’on prend l’ensemble des multinationales pétrolières (Shell, Chevron, Exxon Mobile, Total et BP), l’ensemble de leurs bénéfices s’élève à 151 milliards de dollars. Certes, le bénéfice net ne correspond pas à la somme qui sera reversée aux actionnaires, puisqu’une partie servira à de nouveaux investissements nécessaires à la production – et les pétroliers promettent d’ailleurs des investissements massifs – mais, dans un secteur aussi stratégique, on peut se demander si la répartition d’un tel bénéfice devrait être décidée par le conseil d’administration de l’entreprise ou la nation.

Cette situation a donc quelque chose de révoltant. Alors que la majorité de la population française ainsi que les PME sont prises à la gorge par l’augmentation des prix de l’énergie, on apprend que la plus grande entreprise française remplit ses caisses grâce à cette flambée des prix qui cause tant de difficultés à la société française. Comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon dans l’émission Face à BFM, cette somme colossale représente 3 ans de cantine scolaire gratuite pour tous les élèves français ou encore 121 ans de repas étudiant à 1€. Ces chiffres n’ont pas beaucoup de sens en eux-mêmes mais montrent que cette immense richesse pourrait être mise au service du bien commun plutôt que d’aller dans les poches de quelques actionnaires pour payer leur douzième villa ou leur troisième yacht. Ainsi, la question de savoir comment ces bénéfices pourraient être réappropriés par la collectivité se pose légitimement.

La taxation des superprofits, une mesure illusoire et au service du capital

Cette polémique au sujet des bénéfices records de Total est l’occasion pour la NUPES de ressortir l’une de ses mesures phares depuis quelques mois : la taxation des superprofits. Ce n’est là qu’une nouvelle version de la taxation du capital chère à la social-démocratie. À première vue, cette mesure peut sembler progressiste et même anticapitaliste. Après tout, elle fait bondir tous les propagandistes bourgeois sur les plateaux télé. Du reste, il faut reconnaître qu’on préférerait voir une partie de cet argent partir dans les caisses de l’État pour financer l'hôpital public ou l’éducation nationale qui sont en plein dénuement. Cependant, la taxation des superprofits serait un pis-aller et rien de plus. Tout d’abord, on peut noter que la mesure n’est pas solide philosophiquement. S’il faut taxer les superprofits, cela signifie que le profit capitaliste est acceptable jusqu’à un certain seuil, mais qu’au-delà de ce seuil il doit faire l’objet d’une plus grande régulation. Dès lors, quand passe-t-on du profit au superprofit ? Sur quel critère fonder cette distinction ? Il semble que cela confine à l’arbitraire. Ensuite, cette thèse selon laquelle la taxation du capital serait la solution miracle au grand problème des inégalités dans la société capitaliste part du présupposé que l’État serait une institution neutre, au-dessus et en dehors des conflits de classe, une thèse profondément antimarxiste. Certes, si l’État taxait les superprofits, il pourrait mettre l’argent récolté dans l’éducation nationale par exemple, mais comme le mode de production capitaliste perdurerait, l’éducation nationale continuerait à reproduire des inégalités qui existent de toute façon dans ce mode de production et qui ne dépendent pas uniquement des moyens que l’on met dans l’éducation. Enfin, taxer le capital c’est le légitimer, on ne le répètera jamais assez. Dès lors que l’État se finance en prélevant une partie des profits des capitalistes, il devient dépendant de ces profits. Il en résulte que l’État a intérêt à ce que les capitalistes maximisent leurs profits, donc l’État a intérêt à encourager l’exploitation capitaliste et, dans le cas d’entreprises comme Total Energies, la destruction de l’environnement qui entraîne la prédation sur les ressources naturelles, notamment les énergies fossiles. Voilà pourquoi, sous des aspects progressistes, la taxation des superprofits serait une mesure de maintien de l’ordre établi, et on comprend donc pourquoi des partis aussi peu révolutionnaires que EELV, le PS ou même le Modem peuvent soutenir une telle mesure. De toute manière, la bourgeoisie n’est même pas prête à cette concession qui ne la menace pas, et une telle mesure, qui passerait par les voies institutionnelles, n’a aucune chance de voir le jour.

Socialiser les moyens de production pour rendre aux travailleurs la richesse qu’ils ont produite

Comme nous l’avons vu, il est illusoire d’espérer que les capitalistes accepteront dans leur grande mansuétude de donner à l’État une part de leurs superprofits durement acquis, et cette mesure ne résoudrait pas grand chose. En définitive, il n’y a rien à attendre des capitalistes, il faut se passer d’eux. Le profit capitaliste n’est pas mauvais à partir d’un certain seuil, mais il est bien un problème en soi dans la mesure où il repose sur l’appropriation du travail d’autrui par des gens qui ne travaillent pas. C’est la propriété privée des moyens de production qui doit être remise en cause, car du fait de cette propriété, un petit nombre de nantis se taille la part du lion dans la richesse produite par la nation française. Au mois d’octobre, lors de la grève dans les raffineries de Total, Loïc Chaigneau montrait déjà que la société n’avait absolument pas besoin de Patrick Pouyanné ou des actionnaires de Total. Ceux qui sont réellement indispensables, ce sont les travailleurs des raffineries, et tous ceux qui contribuent à la production. Sans eux, Total n’aurait pas extrait une goutte de pétrole et n’aurait pas fait le moindre euro de bénéfice. C’est pourquoi la richesse produite doit revenir à ceux qui la produisent, et non aux capitalistes. Les producteurs doivent être souverains sur la production. La socialisation des moyens de production est la mesure qui permettrait véritablement d’en finir avec l’exploitation et les inégalités insupportables que nous imposent le mode de production capitaliste et ses tenants. Socialisation ne veut pas dire étatisation et il ne s’agit pas de dire que l’État devrait reprendre en main l’intégralité de l’appareil de production. Certaines grandes entreprises – et Total est l’une d'entre elles – devraient être contrôlées par l’État dans la mesure où elles relèvent de secteurs stratégiques. Mais de façon générale, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui prendraient en charge la production. Il y aurait toujours des entrepreneurs, au sens de personnes capables de prendre des initiatives nouvelles, mais il n’y aurait plus de patron capitaliste pour s’enrichir sur le travail des autres. Évidemment, une telle transformation sociale ne viendra jamais d’en haut, elle ne sera pas impulsée par l’État bourgeois. Il appartient aux travailleurs de s’organiser pour revendiquer la souveraineté sur la production et la jouissance du fruit de leur travail. Ainsi, les capitalistes pourront être dépossédés de ce qu’ils s'accaparent injustement et la richesse produite par les entreprises collectivisées bénéficiera à l’ensemble de la population.

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