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Fascisme

Défendre le Donbass pour défendre la Paix

Les tensions en Ukraine sont au plus fort, l’Armée russe se rapproche de Kiev tandis que les négociations entre les gouvernements des deux pays semblent de plus en plus difficiles à mener. Face à cette situation, il est impératif de défendre la paix.

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Par la rédaction

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Le 17 Février le tonnerre des canons est venu percer le silence qui régnait sur la ligne de front entre l’Ukraine et les Républiques populaires du Donbass. À l’heure du petit-déjeuner, une onde de choc a pulvérisé la salle d’une école maternelle dans une petite localité près de la zone de guerre. C’était du côté contrôlé par Kiev. De l’autre côté des tranchées, les présidents des république populaires de Donetsk et de Lougansk ont dû ordonner l’évacuation des civils de tout le territoire vers la Russie après les bombardements ukrainiens du 17 février. Ils craignent une tentative d’invasion du Donbass par les Ukrainiens. Mais coup de théâtre, le 24 Février, l’Armée russe est entrée en Ukraine.

L’exaspération russe arrivée à terme

Le rêve de la Maison Blanche est devenu réalité : l’ours russe a posé ses griffes sur le territoire ukrainien. « Poutine, le despote paranoïaque et machiavélique, persévérant dans son ubris, vient de poser la première pierre de l’édifice de la domination impérialiste totale de la Russie sur l’Ukraine dans un premier temps, et sur le monde dans les jours à venir ». Du moins, c’est le récit auquel nous sommes sommés de croire sur les plateaux de BFM ou dans les colonnes du Monde. Mais qu’en est-il réellement ? Ces médias qui décrivent les évènements actuels avec effroi n’ont pas investi autant d’énergie à couvrir les demandes de négociations faites par la Russie, en vain. Bien-sûr, on ne peut qu’être consternés par la brutalité de la réaction russe. Mais on ne peut pas en saisir le sens si l’on se contente de répéter les inepties à la mode dans les médias.

Ces mêmes médias ne font pas preuve du même affolement lorsque les États-Unis organisent tous les étés des simulations d’invasion de la Corée du Nord. Et dans cette affaire, ni la France, ni les autres pays occidentaux n’ont intérêt à intervenir militairement eux-mêmes. À cet égard, l’opinion américaine n’est pas dupe et encore moins une partie des Républicains qui pense que même en l’état actuel des choses, il est préférable pour les États-Unis de ne pas prendre part à ce conflit.

Les deux républiques populaires ont commencé à évacuer les civils vers la Russie, ce qu’ils n’ont pas fait en huit années de guerre, en plus de décréter la mobilisation générale. Selon les services de renseignements de Donetsk, l’armée ukrainienne pourrait lancer un assaut amphibie sur des positions en mer d’Azov. L’armée de Kiev compterait aussi sur l’appui de mercenaires américains de Blackwater auxquels la législation ukrainienne laisse les mains libres pour agir, ainsi que des milices néo-nazies qui comptent bien exterminer les citoyens du Donbass qu’ils considèrent comme des sous-races russes. Les Néerlandais envoient des casques et des snipers tandis que les Britanniques livrent des armes anti-tank tout en affirmant qu’ils ne seront utilisés qu’en cas d’invasion russe.

Le nettoyage ethnique des nazis ukrainiens avorté

C’est avec condescendance que la chorale médiatique, bras armé des élites atlantistes occidentales, toujours à l’avant-garde de la propagande anti-russe, traite de la situation dans le Donbass du point de vue de la Russie. Et c’est à l’appui de cette pseudo-expertise que l’on conteste systématiquement à Vladimir Poutine le droit de s’interroger sur les intentions réelles de Kiev. Ainsi, lorsqu’il parle de « génocide dans le Donbass », la diplomatie européenne rit aux éclats : c’est « ridicule », s’exclame le chancelier Scholz. Ce genre d’effronterie diplomatique révèle combien l’hypocrisie de l’UE est grande sur la situation en Ukraine. De surcroît, sur place, depuis les évènements de la place Maïdan de 2014, et la soi-disant « révolution » qui en a été à l’origine, l’hostilité du pouvoir envers la Russie ne s’est jamais montrée aussi féroce.

Le nouveau gouvernement, bâti sur les ruines du pouvoir du président démocratiquement élu Ianoukovitch, n’a reculé devant aucune ignominie, y compris le recours aux partis néo-nazis et à leurs branches paramilitaires. Parmi ces organisations, on trouve le « Secteur droit », responsable de l’incendie criminel de la Maison des Syndicats à Odessa où 32 militants ont été brûlés vifs, et son chef Dmytro Iaroch, qui en 2014 promettait de « massacrer des russes et des juifs » jusqu’à sa mort, ainsi que le parti « Svoboda » et sa branche armée, le bataillon Azov, dont six des membres ont été nommés ministres suite au coup d’État. Ces derniers ont alors immédiatement pris pour cible la « racaille russe » ainsi que la « mafia juive moscovite ». Travaillant à la réhabilitation de Stepan Bandera, le chef de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a collaboré avec l’Allemagne hitlérienne durant la Grande Guerre Patriotique, ces groupes bénéficient du soutien actif des États-Unis, de l’UE, des oligarques ukrainiens tels qu’Ihor Kolomoïsky, et même d’Israël. Et c’est avec l’assentiment de Bernard-Henri Lévy et Raphaël Glucksmann, éternels défenseurs des droits de l’Homme dont la propension à l’indignation est toujours à géométrie variable, que ces voyous fascistes lancent des offensives meurtrières contre la population du Donbass. Leurs victimes se comptent à l’heure actuelle par milliers. Pourtant, ces plans d’épuration ethnique dont rêvent tant les bandes armées nazies, qui agissent avec la bénédiction de Kiev, n’ont jamais intéressé la presse occidentale, qui n’a daigné accorder ne serait-ce qu’une ligne à ce projet mortifère.

L'État de Kiev est illégitime dans sa prétention à reprendre le Donbass

La présence de milices néo-nazies n’empêche pas les Occidentaux à affirmer que l’Ukraine contrôlée par Kiev est un territoire de progrès, de tolérance et de diversité. L’Ukraine serait aussi un espace de liberté, une démocratie « imparfaite mais précieuse » comme le racontait le Monde en 2019. « Ce que craint Poutine, ce n’est pas l’OTAN mais la liberté et la démocratie », pérore dans les colonnes de l’Obs le directeur de la fondation pro-occidentale International Renaissance Foundation, Oleksandr Sushko. Les Occidentaux affirment défendre la souveraineté de l’Ukraine face à ce qui est essentiellement une agression russe. Pour eux, les deux républiques ne sont que des États fantoches pilotés depuis Moscou. Pour Ursula von der Leyen, l'ingérence russe alléguée par les Occidentaux est inacceptable. En soutenant l’insurrection, la Russie a porté atteinte à l’intégrité du territoire ukrainien. Devant le Parlement européen, la présidente de la Commission européenne a déclaré le 16 février devant le Parlement européen que « l’idée de sphères d’influence n’a pas sa place au XXIe siècle ».

Pourtant, la révolte de la bourgeoisie urbaine de Kiev, l’Euro-Maïdan, qui a renversé le président Viktor Ianoukovitch en 2014, avait pour objectif explicite de placer le pays sous domination européenne et atlantiste. C’est chose faite. Les oligarques ukrainiens sont devenus les compradores de l’Occident organisant via le très puissant think-tank américain Atlantic Council un grand réseau de corruption, de trafic d’influence et de pénétration des intérêts américains. Sur le versant militaire, la soumission au camp atlantiste a été inscrite dans le marbre. En effet, en juin 2017, la Rada a élevé l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme objectif à valeur constitutionnelle de la politique étrangère et de sécurité du pays, comme l’a récemment souligné le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Cette soumission est ancienne. En effet, de tous les pays de l’ancien bloc soviétique, il est le premier à se rapprocher de l’OTAN. En 1994, le Partnership for Peace Programme avait été signé entre les États-Unis et l’Ukraine, autorisant l’armée américaine à effectuer des manœuvres militaires sur le territoire ukrainien. Plus tard, lorsque les États-Unis envahissent l’Irak, le président de l’époque Leonid Koutchma déploie 1650 soldats pour combattre aux côtés des troupes américaines. Par ailleurs, Hunter Biden, le fils du président Joe Biden, est visé par une enquête pour conflits d’intérêts. On lui reproche d’avoir défendu le groupe gazier Burisma, dont il était membre du conseil d’administration, alors que celui-ci était soupçonné d’évasion fiscale. L’emprise américaine sur l’Ukraine est totale. Le gouvernement en place ne fait bien sûr montre d’aucune volonté de s’affranchir de cette dépendance. La population, elle, ne lui fait pas confiance . La popularité du président Zelensky est très faible, 30% des ukrainiens seulement lui apportent leur soutien. De plus, du fait de sa complaisance avec l’extrême-droite locale, penser que ses décisions vont dans le sens de la paix est absurde. Il s'agit surtout pour Kiev de récupérer un territoire qui selon eux leur est dévolu car ils rêvent d'une grande Ukraine unifiée débarrassée des éléments ethniquement indésirables. Quelque temps après son élection, le poste de chef des services secrets est proposé à Serhiy Sternenko, membre du Secteur droit. De surcroît, depuis l’année dernière, Dmytro Iaroch, le chef du parti néo-nazi en personne, est le conseiller du commandant en chef de l’Armée ukrainienne.

L'État ukrainien a été une grande faillite politique, économique et morale depuis son « indépendance ». L’ancienne république soviétique de 50 millions d’habitants n’en a plus qu’une trentaine, du fait de l’émigration massive et de la sécession des territoires de l’Est. Ce pays fertile, à la position géographique enviable et à la main d'œuvre qualifiée, formée par les écoles et universités de l’Union soviétique, a été saccagé par la grande contre-révolution capitaliste de 1991. L'État ukrainien ne sert qu’à une chose : permettre à l’oligarchie de contrôler les moyens de production. En effet, en 1991, l'État légitime, l’URSS, a disparu, contre la volonté de la grande majorité des citoyens soviétiques, mais l'État national qui a remplacé l'État fédéré a conservé la possession des moyens de production tout en en confiant la gestion à une bande de parvenus qui en ont profité pour vider la caisse. La solution que proposent les Européens ne vaut guère mieux. Elle consiste à ouvrir le pays à la concurrence, dans le cadre des critères de convergence fixés par l’UE, notamment par l’abaissement des barrières douanières et par les fameux ajustements structurels.

On voit donc mal comment l’État ukrainien pourrait faire valoir une quelconque souveraineté, complètement inexistante du point de vue du réel, ou d’une quelconque légitimité, lui qui est fondé sur le pillage des ressources publiques. Les républiques du Donbass n’ont pas d’autre choix que de défendre leur autonomie et leur existence, puisque ce sont les élites ukrainiennes, appuyées par les forces de l’OTAN, qui les ont acculées à cette situation. Dans ce contexte, l’intervention de la Russie ne correspond pas aux crises de démence poutiniennes, mais bel et bien à la volonté du peuple. Rappelons qu’en 2014, le rattachement de la Crimée à la Russie est approuvé par ses habitants. Contrairement aux dénégations des uns et des autres, le conflit entre l’Ukraine et le Donbass est avant tout une bataille de pions, et au regard des projets génocidaires de Kiev, on ne peut pas souhaiter aux habitants du Donbass le retour du pouvoir central.

Le retour au calme est nécessaire pour construire la paix

Est-ce pour autant que les deux républiques du Donbass sont plus indépendantes que le pouvoir de Kiev ? Assurément pas. En vérité, les républiques du Donbass ont été fondées sur un malentendu. L’homme qui a rédigé la proclamation d’indépendance du 7 avril 2014, le communiste Boris Litvinov, souhaitait une véritable république indépendante tant de la Russie que de l’Ukraine. La République devait être selon lui une alternative égalitaire à l’oligarchie ukrainienne. La Russie et ses soutiens sur place en ont décidé autrement. Les élections de 2014 ont été verrouillées et le système politique en place tient plus de l’oligarchie que de la démocratie, qu’elle soit libérale ou populaire. La République populaire est donc, comme le dit le reporter Loïc Ramirez, une « occasion manquée » de construire un régime sur de nouvelles bases égalitaires, d’inspiration soviétique.

La guerre ne permet pas aux parties belligérantes et surtout au peuple de réfléchir à l’avenir. Le retour au statu-quo aurait pu permettre aux citoyens et aux institutions de part et d’autre de la ligne de front de dialoguer et aux trois parties de préciser démocratiquement un projet institutionnel commun, peut-être sous la forme d’un pacte fédéral. La récente reconnaissance des deux républiques par la Russie après huit ans de négociation montre que la communication est désormais rompue. Les options pour le peuple des régions orientales et occidentales de l’Ukraine sont désormais réduites par l’opposition désormais frontale des dirigeants. Elles ne sont cependant pas épuisées. Il appartient aux communistes, qui ont poussé à la reconnaissance des Républiques par Moscou, d’impliquer aussi les masses dans la destinée du Donbass, contre les prétentions des pouvoirs étatiques et bourgeois qui veulent imposer leur agenda. En effet, les communistes sont appelés à jouer un rôle important pour mobiliser la population autour d’un projet de paix, autour de l’héritage fédéral d’une Union soviétique qui a su unir une mosaïque de peuples, de langues et de coutumes sous une unique bannière pendant 70 ans.

Les communistes étrangers agissent eux aussi, de leur côté, pour la paix dans la région. Les militants du Parti communiste de Bohême-Moravie République tchèque militent contre l’envoi de munitions par leur gouvernement à Kiev, ceux de la Ligue des Jeunes communistes du Canada réclament le retour au pays des soldats envoyés en Europe de l’Est et ceux de Grande-Bretagne contestent la politique ukrainienne belliqueuse de Boris Johnson. Il revient aussi à nous, Français, d'œuvrer pour la paix en contenant les ambitions impérialistes de nos propres oligarques et en poussant nos dirigeants à laisser les populations d’Ukraine et du Donbass en paix.

Auteurs : Marius P. et Oleg R.

Édit 26/02/2022 : Après l'intervention russe, Loïc Chaigneau et Bruno Guigue échangent sur la question suivante : La Russie de Poutine a-t-elle eu raison d'envahir l'Ukraine ?

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