Faut-il fuir les partis politiques ?
De nos jours, de nombreuses personnes, que ce soit par désenchantement, par colère ou par lassitude, se disent dégoûtées par les partis politiques. Mais la notion de “Parti”, cependant - discréditée à dessein par la classe dirigeante depuis plus d’un demi-siècle - doit être réhabilitée.

Il n’est guère étonnant qu’aujourd’hui, au vu de la situation du pays et de l’action - ou plutôt l’inaction - des membres tant du gouvernement que de l’opposition, une majorité de français aient une méfiance vis-à-vis des partis politiques, et se désintéressent pour ainsi dire de la vie politique même.
Pourtant, les transformations sociales et politiques, et notamment les conquis sociaux, sont le plus souvent le fruit de sujets collectifs (1) qui, dans l’histoire, ont su profondément s’organiser.
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Ce fut le cas par exemple du Parti Communiste Français au moment de la Libération, vers 1945-1946. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en effet, le PCF était le parti le plus puissant du pays, et a su créer un véritable rapport de force contre la bourgeoisie capitaliste.
Fort de plus de 800 000 adhérents, extrêmement structuré et organisé, le “Parti” a conquis, grâce notamment à l’action de ministres communistes tels qu’Ambroise Croizat, Marcel Paul ou Maurice Thorez, et à l’appui de ses militants, des avancées sociales considérables, comme le régime général de la Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, ou encore la nationalisation d’EDF-GDF, pour ne citer que les plus importantes.
Cette ample agitation politique sera menée par un parti unissant en un tout cohérent l’offensive contre le gouvernement au nom de tout le peuple, l’éducation révolutionnaire du prolétariat en même temps que la sauvegarde de son indépendance politique, la direction de la lutte économique de la classe ouvrière, l’utilisation de ses affrontements spontanés avec ses exploiteurs, affrontements qui dressent et amènent sans cesse dans notre camp de nouvelles couches du prolétariat !
Lénine, Que faire
Aujourd’hui, la classe dirigeante, par crainte qu’émerge un nouveau parti aussi puissant que le PCF de cette époque, a recours notamment à deux stratégies.
La première, dont la conséquence est malheureusement largement partagée par les travailleurs, est de faire en sorte que ces derniers n’entendent par partis politiques que ceux à visée strictement électorale (par exemple LREM, la France Insoumise, le Parti Socialiste, etc.), conception la plus restrictive qu’on peut avoir des partis politiques.
Cet artifice laisse suggérer que ne sont légitimes à participer à la vie politique uniquement des politiciens professionnels, et que les travailleurs lambda, exclus, sont priés de se contenter de voter tous les cinq ans et de ne pas intervenir outre mesure entre temps.
La seconde tactique, qui découle de la première, est de discréditer l’idée de parti structuré, organisé, lieu de formation, de réflexion et d’action collective ; un parti tel qu’a pu l’être le PCF de la Libération. Pour la bourgeoisie, il faut à tout prix discréditer le Parti avec un grand P.
Et en effet, de nos jours, nombreux sont ceux qui ont une vision archaïque, démodée, du Parti. Ce dernier leur donne l’impression d’être un lieu autoritaire, sectaire, rigide, dans lequel tout le monde doit penser de la même manière, où l’on ne se sent pas libre.
Cette opinion négative s’inscrit en réalité en toile de fond d’une lutte idéologique et politique menée par la bourgeoisie capitaliste et sa contre-révolution sociale à l’encontre du PCF comme parti organisé et structuré de la classe ouvrière, et contre ses nombreux conquis sociaux.
Mais cette profusion idéologique joue contre notre camp, qui finit lui-même par rejeter l’idée de parti, et se tire ainsi une balle dans le pied.
Si l’on veut mener à bien nos revendications sociales et politiques, et afin de créer un réel rapport de force contre la bourgeoisie, il faut donc retrouver la nécessité de construire un parti unique et révolutionnaire, un parti qui soit un lieu de formation, de réflexion et d’action, un lieu profondément démocratique de débat, un front populaire, une coalition du prolétariat.
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