Meurtre en Ariège, comme un soudain « sentiment d’insécurité »
Le 21 juin 2022, jour de la fête de la musique, l'Ariège est secouée par le meurtre brutal de l'un de ses habitants. Nous revenons ici sur l'affaire et les conditions qui peuvent expliquer l'apparition de la barbarie dans une commune censément paisible.
Le fameux « sentiment d’insécurité » – si souvent évoqué pour éviter de discuter de l'insécurité réelle – s’est encore accru pour les habitants de Foix, petite ville « paisible » au cœur de l’Ariège.
Le département de l’Ariège est relativement connu comme terre d’immigration, que ce soit des républicains espagnols ou des néo-ruraux des années 1960. L’immigration de masse, orchestrée depuis la seconde moitié du XXème siècle par le grand capital afin de faire baisser le coût de la main d'œuvre et de mettre davantage en concurrence les travailleurs entre eux, avait cependant épargné cette région relativement peu industrialisée. Néanmoins, la concentration de cette population immigrée dans la région toulousaine a récemment conduit une partie du fameux lumpen (1) entassé dans les « quartiers » à se déplacer vers l’Ariège. En effet, depuis quelques années, Pamiers – la plus grande ville du département – a connu une explosion en termes de délinquance et de criminalité. La ville natale de Gabriel Fauré est ainsi devenue une ville où on ne peut plus permettre à ses enfants de sortir après la tombée de la nuit par crainte des harcèlements et des agressions de la racaille. Ce n’est là que le versant ariégeois de la dynamique nationale mise en œuvre par le gouvernement depuis quelques années, qui consiste à déplacer de plus en plus les demandeurs d’asile de la région parisienne vers les régions afin de désengorger la capitale.
La ville de Foix, située plus au sud de Pamiers, était jusqu’à récemment réputée plus calme. Bien que peuplée également d’un certain nombre de marginaux souvent alcoolisés ou drogués, elle n'abrite que relativement ce lumpen immigré, également davantage surveillé par les forces de l’ordre, certainement soucieuses de ne pas laisser la situation trop se dégrader dans la ville préfectorale. Cependant, au vu des circonstances historiques, ce n’était qu’une question de temps avant que le lumpen ne s’aventure jusque dans la petite cité historique du comté de Foix.
Ainsi, depuis quelques temps, un énergumène bien reconnaissable – casquette, sacoche, jogging – faisait trembler les vitres de mon appartement au troisième étage avec son enceinte portative. La nuisance sonore était telle que j’avais hésité plusieurs fois à interpeller l’individu pour lui reprocher son comportement. Mais avant que je ne fusse passé à l'acte, le problème avait disparu de lui-même. Le 21 juin – pour la fête de la musique donc – un septuagénaire eut certainement plus de courage que moi. Il faut dire que cet ancien militaire avait ses raisons pour penser en avoir vu d’autres et des plus belles. Il le paiera malheureusement de sa vie puisqu’on retrouvera son corps découpé en morceaux en haut du Prat d’Albis (plateau montagneux dans les hauteurs de Foix) le 30 juin. Il avait certainement dû manquer de respect à la racaille.
Bizarrement, la presse locale communique très peu sur l’affaire, se gardant bien de donner des précisions sur le possible motif du meurtre. Les rares articles concernant la victime évoquent un homme « discret et sans histoire ». On aurait aimé en connaître également un peu plus sur le profil de l’agresseur…
Ainsi, ledit « sentiment d’insécurité » s’est fait ressentir avec une drôle d’acuité pour M. Lamige, bien que les mauvaises langues diront qu’il peut s’estimer heureux de ne plus le sentir désormais…
Le suspect a bien été écroué, mais pour ceux qui s'inquiètent pour l’avenir culturel de la ville de Foix (2), rassurez-vous : un lumpen remplaçant est déjà arrivé. Et cette fois-ci, il roule en trottinette.
Ce fait divers doit être compris dans le contexte qui est le sien afin de sortir des impasses politiques qui nous sont proposées.
Nous avons d’un côté une gauche toujours plus molle qui prétend que les seuls délinquants sont en col blanc, et, de l’autre, une droite néolibérale pour laquelle le fait de filmer la délinquance avec de la vidéosurveillance constitue le nec plus ultra de la politique sécuritaire.
On ne sortira pas de cette double impasse tant que le camp gauchiste n’aura pas compris que l’insécurité est une réalité dans le quotidien de nombreux Français – notamment ceux qui n’ont pas les moyens d’habiter dans les beaux quartiers ou dans un hameau à la campagne – et que les droitardés ne voudront pas admettre que l’immigration ne saurait être régulée sans combattre de front la bourgeoisie qui l’organise à son profit (3).
Tant qu’il n'y aura pas la présence d'une force politique capable d’avoir un discours dialectique sur le problème de l’immigration, qui en attaquerait à la fois les causes et les conséquences, nous resterons coincés entre le déni et l’invective, entre l’aveuglement et les injonctions, et donc entre Hamon et Sarkozy, ou entre Macron et Macron (4). Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a récemment fini par avouer que plus de la moitié des délinquants arrêtés à Paris et Marseille sont des étrangers, tout en refusant de faire le moindre lien entre immigration et délinquance…
Vouloir reconstruire un camp souverain et populaire sans évoquer les causes et les effets, et taire jusqu’aux mots même d'insécurité ou d’immigration, conduira toute une partie de la population dans les bras de celui qui osera nommer la chose, même s’il n’en combattrait que les symptômes. Nous aurons alors gagné un Duterte (5) et perdu un Marchais (6).
Malheureusement, pour M. Lamige, il est trop tard. Nous tenons à saluer la mémoire et le courage de ce citoyen paisible qui était par ailleurs un bon client de l’entreprise dans laquelle je travaille, connu et apprécié de mes collègues. Continuer de combattre le fléau qui lui a été fatal est le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre.