Progrès et lutte des classes : Mythe ou réalité ?

L’argument principal des marchands d’esclaves face aux abolitionnistes était la prétendue ruine qu’allait amener la fin de l’esclavage dans les colonies et dans tout le pays. Malgré sa constante mise en défaut par le réel, ce type d’argument est employé de manière récurrente par les classes dirigeantes dès que de nouvelles revendications émergent des classes laborieuses, comme cela a été le cas avec la fin du travail des enfants et la journée de huit heures. De la même manière, lorsque nous avons obtenu les congés payés et le régime général de sécurité sociale, la classe dirigeante expliquait que cela allait ruiner l’économie alors que le taux de productivité et le niveau de vie n’ont fait que s’accroître depuis lors.

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes. »
Marx et Engels, Le Manifeste du Parti communiste

D’une part, cela montre que la lutte des classes est une donnée objective de l’histoire des sociétés, bien avant que Marx et les libéraux (1) ne la formulent (pensons aussi aux révoltes d’esclaves dans la Rome antique ou encore aux jacqueries durant toute la féodalité). Non seulement les communistes n’y sont pour rien mais ils se donnent aussi pour mission d’y mettre un terme par une pratique s’appuyant sur l'étude du réel (2).

D’autre part, cela montre qu’en dépit des discours propres à l’idéologie d’une classe qui craint de perdre ses propres privilèges, le progrès est également une donnée objective dans l’histoire.
En effet, de la pierre taillée à l’accélérateur de particules, ce progrès est d’abord technique et technologique : c’est le développement des forces productives, qui permet d’augmenter la puissance de l’homme sur la nature. Mais il y a également le progrès en tant que compréhension de nos déterminations et extension de nos libertés. En effet, de la société esclavagiste à la féodalité puis à la société moderne, nous observons une extension des droits politiques du plus grand nombre.

« Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avec le capitaliste industriel. »
Karl Marx, Misère de la philosophie

Marx et Engels nous apprennent que ces deux aspects du progrès historique sont intimement liés : c’est bien le progrès technique qui, en imposant des transformations dans l’organisation sociale du travail rend caducs les rapports de production et de propriété en vigueur, intensifie les conflits entre classe laborieuse et classe des propriétaires et ouvre ainsi la voie à une ère de révolution qui peut aboutir à la conquête de nouveaux droits sociaux et politiques.

Néanmoins, au-delà des représentations naïves ou mécanistes que l’on peut trouver parfois chez certains auteurs libéraux, la réalisation du progrès historique n’est pas un long fleuve tranquille au destin tout tracé. Elle est soumise à des forces contraires, à commencer par celles inhérentes aux intérêts contradictoires voire antagoniques des différentes classes sociales, qui inscrivent l’histoire dans une dynamique permanente entre révolution et contre-révolution, et dans laquelle la conscience de classe joue un rôle décisif.

Aujourd’hui, en France, cette conscience de classe passe, et c’est le rôle que nous nous donnons à l’IHT, par la formation d’intellectuels organiques à même de porter à la connaissance du prolétariat le déjà-là communiste (salaire à la qualification personnelle, suppression du crédit par la subvention dans l'investissement, etc) que le mouvement ouvrier a su construire depuis la fin du XIXème siècle et qui est constamment invisibilisé par l'idéologie dominante. Déjà-là sur lequel le prolétariat organisé doit s’appuyer pour impulser une nouvelle dynamique et ainsi sortir de la séquence contre-révolutionnaire que nous connaissons depuis cinquante ans.

→ À lire aussi : Le rapport de l'homme à la nature et la production de sa liberté vers l'Homme Total

Pour aller plus loin dans la compréhension de la lutte des classes comme moteur de l'histoire.

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