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Immigration

Comment soigner l'obsession de Zemmour sur l'immigration ?

Inquiets pour Éric Zemmour, et afin de dissiper ses angoisses existentielles, nous souhaitions lui expliquer que l’immigration et le racisme sont les progénitures du capitalisme, et lui apprendre que l’accouchement d’un monde nouveau est en cours, dépouillé de ses scories capitalistes.

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Par Ludovic M.

Lecture 7 min

Selon Éric Zemmour, « le problème fondamental, le sujet essentiel, le plus important » qu'il souhaite soulever pendant sa campagne présidentielle est celui de l'immigration.

Cela fait depuis presque quinze ans que son obsession sévit. Dévoré par ses angoisses, ses inquiétudes se sont développées crescendo, lui faisant perdre toute réalité avec le phénomène d’immigration. Consciemment ou non, Éric Zemmour représente malgré lui l'idéologie la plus nauséabonde et mortifère du Capital au service des puissants de ce monde. Dès lors, comment soigner son obsession ? Nous proposons de le rassurer en lui expliquant les causes et les solutions de ce phénomène. Tout d'abord, nous constatons deux écueils. D'un côté le discours gauchiste qui laisse entendre que l'immigration n'est pas un problème, et de l'autre celui d'une droite réactionnaire qui voit dans l'immigration le problème fondamental.

Le problème de l'immigration

Éric Zemmour se place du côté de ceux qui considèrent l’immigration comme un problème fondamental : au “fondement” donc, étant “la cause”. Nous montrerons plutôt que s’il y a un problème, c’est bien plutôt comme “conséquence”, comme “effet”.

Ainsi, signalons que l'immigration soulève bien un problème – et le nier, comme le font certains, relève de l'aveuglement – lié à l'intensité des déplacements de populations, contraints par la guerre, par des causes socio-économiques et par l'impérialisme, engendrés par la mondialisation capitaliste. En effet, le capitalisme ayant dans son fonctionnement interne la recherche incessante du profit, il lui faut exploiter de la main d'œuvre moins chère dans les pays étrangers, délocaliser ses usines et spolier les matières premières.

Les causes de l’immigration

Pour atteindre ces objectifs, le capitalisme s'arme de l'impérialisme (1) et engendre avec lui des conflits, provoque des famines, déstabilise des populations, ravage leurs environnements et de surcroît – si cela lui est profitable – finance des terroristes qui maintiennent le chaos. (2) Partant de ce constat, les immigrants fuyant ces conditions de vie n'ont qu'un objectif, survivre, et quittent leur pays au péril de leur vie. (3)

L'immigration au service du Capital

Arrivant sur notre sol, le capitalisme les accueille à bras ouvert car étant dans un tel niveau de détresse, ils sont prêts à accepter n'importe quel emploi, dans les pires conditions de travail et pour un salaire de misère. Ce dumping social profite grandement au capitalisme car cela lui permet de négocier à la baisse le niveau des salaires des autochtones. Mais alors, les travailleurs autochtones et les immigrants entrent en conflit d'intérêt car pour obtenir un emploi ils sont en concurrence les uns contre les autres, et cet antagonisme est le terreau de la guerre civile.

→ À lire aussi : La guerre civile qui vient

Ainsi, l'immigration sous le capitalisme fait baisser le niveau de vie général tout en augmentant celui des privilégiés : les propriétaires capitalistes. Voilà pourquoi l'immigration est un vrai problème, à la fois pour les immigrants qui subissent les conséquences du capitalisme et pour les autochtones qui subissent le dumping social.

L'immigration et la misère, terreau de la délinquance

Notons également – ce que nie Éric Zemmour avec une grande mauvaise foi (4) – que la misère est le terreau de la délinquance lorsque qu'une infime partie de la population immigrée laissée à l'abandon par la société trouve dans le trafic de drogue, la rapine, ou autres crimes ou délits le moyen de subvenir à ses besoins. Loin de justifier leurs actions, il nous faut comprendre les causes de la misère afin de lutter pour l'éradiquer. C'est par ce moyen seulement que la délinquance disparaîtra. Mais alors, que nous propose Éric Zemmour du point de vue économique ? En bon libéral, la poursuite de la machine meurtrière du capitalisme lui paraît être la meilleure voie à suivre, malgré le fait qu’elle provoque à la fois l'immigration et la misère. Nous voyons donc que par son discours pro-capitaliste et anti-immigrationniste, il chérit les causes dont il déplore les effets.

Racisme du faciès ou du pauvre ?

Pour des empiristes plats comme Éric Zemmour, leur méthode d'analyse consiste à observer les visages dans une ville, étudier quelques statistiques et en tirer des conclusions.

Quel choc lorsqu'en entrant dans le 93, Éric Zemmour constate avec stupeur la colorisation des faciès ! Quel choc encore, lorsqu'en comparant le quartier dans ses souvenirs de jeunesse avec celui aujourd'hui, il constate une augmentation de la misère ! Quelle conclusion en tire-t-il ? Pour lui c’est évident, il y a causalité entre couleur de peau et misère. Le faciès de l'immigrant est la cause de la pauvreté, il la provoque, il en est l'origine, le démiurge. Associer ainsi la peau avec un phénomène social est sans aucun doute l’expression du racisme. Mais sous ce racisme se cache en réalité des problématiques de classe. En s'opposant à l'arrivée grandissante d'immigrants, il exprime la haine du pauvre par la vue de son faciès.

Heureusement, ce racisme obsessionnel sur l’immigration peut être soigné par une thérapie adéquate. Pour ce faire, nous proposons d’inverser sa conception de l’immigration qui provoque la misère, par la misère qui engendre l’immigration.

D'où vient la misère ?

Après que le capitalisme impérialiste a engendré à l’étranger conflits, famines et destruction de l’environnement, les populations immigrées s’accumulent dans nos grandes villes. Mais en leur sein, les loyers, le coût de la vie, la raréfaction des emplois tendent à repousser dans les périphéries les populations les plus modestes.

Les immigrés en faisant partie, le mécanisme capitaliste les concentre donc dans les banlieues qui deviennent ainsi le repère de la misère, et cela non pas à cause des individus mais à cause du mode de production capitaliste. Entre chômage de masse et chantage à l'emploi, suppression des postes, éloignement géographiques des usines, augmentation du prix de l'essence, loyers en hausse, etc., le capitalisme organise la misère pour mieux asservir les travailleurs.

Ainsi, la misère provient du capitalisme. Et comme cette concentration de couleur dans les banlieues saute aux yeux d’Éric Zemmour, il en vient à des conclusions erronées sur le problème de l'immigration, parce qu'incapable d'en comprendre l'origine. C'est d'ailleurs ce que comprenait déjà Michel Clouscard. Nous pourrions remplacer dans le texte suivant, "Le Pen" par "Zemmour" que le propos resterait le même.

« a/ Le riche n'a pas de faciès et le pauvre n'a pas d'identité

... Le Pen n'a pas de ces états d'âme ! Rester sur son terrain, justement, c'est faire son jeu. Mais il est vrai aussi que c'est au niveau du politique qu'il faut intervenir d'urgence, trouver une riposte immédiate [...]

Le Pen nous a appris qu'il fallait au moins deux racismes – divergents, mais complémentaires – pour faire un populisme à l'égard du Juif et de l'Arabe, de Rothschild et de l'immigrant. C'est qu'il y a une logique des racismes. Hitler ne s'en prenait qu'au Juif en particulier et aux races inférieures en général. Il ne disposait pas de la dimension que l'Arabe apporte.

Notre thèse : les racismes ne sont – en leur essence, en leur nature – que des déviations fatales de l'économie du profit, la dégénérescence fatale du chrématistique. De même que l'accumulation primitive est l'origine criminelle du capitalisme, les racismes déterminent la relation dialectique du pauvre et du riche. La paupérisation menaçante, c'est une race : l'Arabe.
La richesse interdite c'est une race : le Juif. « On » est désigné comme race. Les états de pauvre ou de riche sont ramenés à un principe originel, matriciel, général.

Le racisme est à double face : il prétend à une supériorité, mais surtout il est la désignation de l'altérité comme une erreur ontologique qui associe la contingence à la malfaisance. L'Autre est de trop. Il n'est qu'une excroissance cancéreuse de la Création. Il n'a rien et il n'est rien : c'est normal, puisqu'il est pure contingence. Il n'est que la forme vide une : une race.

Le pauvre, c'est l'immigrant, l'immigrant c'est l'Arabe. Ainsi se constitue une race, un homme vide de toute culture, de tout contenu qui n'est plus qu'une forme : un faciès. Le lepéniste reconnaît la race par le faciès. L'Arabe dira-t-il, a le faciès de sa race. C'est le signe extérieur qui ne peut être camouflé, le stigmate, la tâche indélébile.

Le faciès, c'est l'aveu de la race. Et ce pauvre, ce faciès, est un envahisseur, incroyable paradoxe. Il est nul et menace l'identité nationale ! quel scandale ! La stratégie de l'immigrant aurait consisté à contourner... Poitiers, le lieu officiel de l'arrêt de l'invasion Arabe. Ce qui n'a pu être réalisé au sommet peut l'être en pénétrant la base. C'est un entrisme de masse qui glisse l'Arabe au cœur même du peuple.

Ce dernier, dira Le Pen, doit se mettre en état de légitime défense. Autrement nous deviendrons tous des Arabes, c'est-à-dire des pauvres. Le discours raciste cache la peur de la régression sociale, de la crise, de la paupérisation.

L'Arabe est bien plus qu'un bouc émissaire. Il est la relation de l'identitaire et de l'altérité dans l'économie de marché. »
Michel Clouscard, Refondation Progressiste, p111-113

Michel Clouscard nous montre bien que derrière le racisme se cache en réalité un mépris de classe. C'est bien plus un racisme contre le pauvre que contre le faciès ou "la race".

Éric Zemmour s'inscrit donc parfaitement dans la lignée de Le Pen. La seule vue du faciès de l’Arabe l’effraie, car ce qu’il craint est la régression sociale, mais il omet le plus important, à savoir les causes socio-économiques engendrées par le capitalisme.

Repenser l'immigration

Après avoir montré les problèmes de l'immigration lorsqu'elle est laissée à l'abandon par la société capitaliste, nous pouvons la repenser sous un nouvel angle.

Et c’est le moment d’offrir à Éric Zemmour une lueur d’espoir, lui ouvrir les yeux sur l’accouchement d’un monde nouveau. Nous considérons que l'immigration peut ne pas être un problème à partir du moment où l'accueil est socialement organisé.

En effet, chaque nouvel immigré entrant sur le territoire français est un nouveau travailleur. Cela signifie un nouveau cotisant aux services publics, de nouvelles richesses produites, bref, un développement qui profite à tous. Si aujourd'hui l'immigration n'est pas mise à profit, c'est parce que l'emploi capitaliste est tendanciellement restreint. Les emplois se font de plus en plus rares et, comme nous l'expliquions précédemment, la concurrence entre immigrés et autochtones s'accroît.

C'est pourquoi nous entendons dans le discours de l'extrême-droite « que les immigrés profitent des aides sociales sans travailler » ou encore « les immigrés nous volent notre travail ». Ces deux affirmations sont pourtant contradictoires. Soit les immigrés travaillent, mais n'ont donc pas d'aides sociales, soit ils ont des aides mais donc ne "volent" pas d'emploi.

Ce discours alimente les braises du conflit social entre prolétaires et sert les intérêts du capitalisme. C’est pourquoi l’extrême-droite est l’idiot utile du Capital et que son discours doit être fermement combattu. Pour repenser l'immigration et résoudre les problèmes que nous avons évoqués tout le long de cet article, nous devons lutter contre la cause des maux de notre société, donc contre le capitalisme.

Régler le problème de l'immigration

Pour donner un horizon des possibles, s'appuyant sur le déjà-là communiste en France (5), nous prenons l'exemple en 1946 du régime général de sécurité sociale, du statut à la qualification personnelle, de la hausse des cotisations annuelles jusqu'en 1980, de la subvention d'écoles et de CHU sans contracter de dette au marché financier, etc.

Toutes ces actions collectives communistes sont les contractions de l’accouchement d’un monde nouveau. Elles subvertissent de l'intérieur le mode de production capitaliste. En poursuivant cet héritage communiste, par exemple comme le propose Bernard Friot et Réseau Salariat, ainsi que nous à l'IHT, en donnant à 18 ans à tous un salaire à la qualification personnelle, alors nous pourrons résoudre les problèmes de précarité que rencontrent à la fois les autochtones et les immigrés sur le sol français.

Chacun bénéficiant d'un salaire, non-contraint par le chantage capitaliste, tous seront responsables de la production sociale et organiseront l'accueil des immigrés dans de meilleures conditions, lutteront contre la concentration de précarité dans les banlieues, et offriront à tous un monde dans lequel chaque individus puisse s'épanouir.

Pour en apprendre davantage sur le salaire communiste, nous vous renvoyons à cette vidéo du Groupe de Réflexion stéphanois.

fond blanc

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Conclusion

À la lumière de nos arguments, nous avons montré que l'immigration est un problème engendré par le Capital. Des solutions sont envisageables mais ce ne sont surtout pas les idées d'Éric Zemmour qui consistent, si on l'écoute, à continuer à foncer droit dans le mur tout en reprochant à son voisin d'être le coupable de notre destinée funeste.

Enfin l'immigration, d'un point de vue communiste, ne doit pas avoir pour objectif de vider la population africaine de ses cerveaux et de ses mains pour n'occuper que les travaux les plus pénibles sans aucune reconnaissance sociale et pécuniaire ; mais bien plutôt de les accueillir dignement, de les soutenir contre l'impérialisme capitaliste, de les aider dans leur développement pour qu'ils puissent connaître au sein de leur propre pays des jours heureux.

Nous espérons avoir dissipé les obsessions d’Éric Zemmour. Et plutôt que de faire campagne pour la présidentielle, nous l’invitons à prendre une retraite bien méritée après des années de travail acharné à nous faire “détester les opprimés et aimer les oppresseurs”. (Malcom X)

(1) Lénine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme
(4) (39:31) Selon Éric Zemmour, la misère n'a aucun impact sur la délinquance
(5) Bernard Friot, Vaincre Macron
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