COP 27 : une conférence inutile pleine de contradictions
La 27ᵉ COP s'est réunie en Égypte dans un contexte où aucun accord significatif ne semble possible. Cette conférence ressemble à une mauvaise blague.
Les représentants des États et des ONG de défense de l’environnement se sont réunis pendant deux semaines, du 6 au 18 novembre derniers, à Charm El-Cheikh, en Égypte. Le « sommet des leaders » s’est tenu lundi 7 et mardi 8 novembre avec plus de 100 chefs d’État.
Depuis la dernière COP (Conférence des Parties) à Glasgow, les rapports alarmants se sont multipliés, car l’objectif de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C n’est absolument pas respecté, malgré les engagements pris à Paris en 2015 et réaffirmés à Glasgow l’année dernière. 24 pays seulement se tiennent à leurs engagements pour le moment, et l’ONU ne voit « aucune piste crédible » pour tenir cet objectif. Actuellement, le monde se dirige vers un scénario d’augmentation des températures de 2,8°C en moyenne d’ici 2100, ce qui rendrait invivables de nombreuses régions du monde pour l’être humain. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dit : « Nous allons vers une catastrophe mondiale ». L’engagement pris en 2009 d’aider à hauteur de 100 milliards de dollars les pays en voie de développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre n’est toujours pas respecté. Même dans ce contexte qui devrait pousser les États à prendre des engagements, il n’est pas certain que cette 27ᵉ COP débouche sur des avancées significatives. Les présidents américain et chinois sont absents. Pour la majorité des gouvernements, la lutte contre l’inflation est actuellement l’objectif majeur et l’environnement passe au second plan. Pour financer leurs actions climatiques, c’est-à-dire à la fois réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et faire face aux pertes et dommages causés par le changement climatique, les pays en voie de développement ont besoin de 2 400 milliards de dollars, dont 1 000 qui devraient provenir de fonds extérieurs, selon un rapport de trois économistes commandé par la présidence égyptienne de la COP 27. Les pays occidentaux devraient donc mettre la main au portefeuille, mais ils sont assez réticents à mettre en place de nouveaux mécanismes de financement. De toute manière, l’horizon fixé pour les discussions de nouveaux financements est 2024, donc la question ne sera pas tranchée dans les prochains jours.
Le choix de l’Égypte pour accueillir cette COP semble discutable pour plusieurs raisons. Comme le rapporte le reportage de la rédaction de France Culture diffusé le 7 novembre, la ville dans laquelle est organisée la conférence, Charm El-Cheikh, est une ville nouvelle en construction depuis 2016 destinée à devenir la nouvelle capitale du pays. Cette ville, où des tours gigantesques ont poussé, est construite en plein désert, et le chantier ne respecte aucune norme environnementale. Il n’y a eu aucune étude d’impact et aucune réflexion sur l’incidence de projet urbanistique, selon l’urbaniste interrogée dans le reportage mentionné ci-dessus. De plus, le régime d’Al Sissi détient dans ses prisons 60 000 détenus politiques, dont de nombreux militants de la défense de l’environnement. L’ONG Human Rights Watch rapporte sur son site que le gouvernement égyptien a incarcéré des dizaines de personnes qui avaient appelé à manifester pacifiquement en marge de la conférence, et a restreint le droit à manifester dans le pays. Il y a bien des organisations de défense de l’environnement autorisées en Égypte, mais selon le responsable environnement de Human Rights Watch, celles-ci doivent travailler sur les priorités du gouvernement (recyclage, finance verte). Les questions qui touchent de trop près au pouvoir sont proscrites. On peut donc penser que le pays a choisi d’accueillir cette conférence pour faire du « greenwashing », pour se donner une image de pays soucieux des questions environnementales, tandis que la réalité est nettement plus contrastée. Autre contradiction à relever autour de cette conférence : elle est sponsorisée par des entreprises comme Coca-Cola, qui, selon Greenpeace, « produit 120 milliards de bouteilles en plastique jetables par an, et 99% des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, ce qui aggrave à la fois la crise du plastique et la crise climatique. » On peut douter qu’une conférence sur le climat en partie financée par ceux qui contribuent à la dégradation de l’environnement puisse aboutir à des résultats concluants. Tous ces éléments nous conduisent à remettre en cause l’utilité d’une telle conférence, qui fait certes beaucoup parler d’elle dans les médias, mais qui a peu de chance d’aboutir à un accord significatif.