La nécessité d'une avant-garde pour guider les travailleurs vers la révolution

Qu’il le veuille ou non, tout mouvement social, aussi spontané ou désorganisé soit-il, voit nécessairement apparaître à sa tête - à plus ou moins brève échéance - une petite minorité d’individus qui prennent les devants pour le mener, le guider et parler en son nom.

Le mouvement des Gilets jaunes, en France, durant l’hiver 2018-2019, a été un exemple caractéristique de ce phénomène. Dès le début de la contestation, en effet, sont apparues dans les médias des personnalités telles que Jérôme Rodrigues, Maxime Nicolle, Priscilla Ludosky ou encore Éric Drouet, qui s’exprimaient au nom du mouvement, semblaient en être les chefs de file, les meneurs.

De ces leaders, ces figures de proue, on peut légitimement dire qu’ils forment l’avant-garde d’un mouvement social, même si, souvent, ils ne se revendiquent pas comme tel et ne le disent pas ouvertement. Dans les faits, pourtant, c’est bien cette position qu’ils occupent.

Là où le bât blesse, c’est qu’il est fréquent que ces chefs de file ne soient pas les mieux organisés, ni les mieux armés, théoriquement et pratiquement, pour mener le mouvement. Or, une avant-garde, et plus encore une avant-garde d’un mouvement révolutionnaire, se doit absolument d’être tout cela.

En effet, l’avant-garde est censée être la fraction la plus avancée, tant sur le plan théorique que pratique, d’un mouvement prolétarien et révolutionnaire. De par sa discipline, son organisation et les compétences de ses membres, elle conduit, guide, oriente le mouvement, et, loin de représenter une autorité suprême ni d’imposer une hiérarchie contraignante, elle se met au service de ce dernier, en opérant l’analyse concrète des situations concrètes.

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Cela dit, il est important de souligner que l’avant-garde révolutionnaire ne se décrète pas ; elle n’acquiert sa légitimité et ses lettres de noblesse qu’au travers de la reconnaissance des acteurs sociaux, qui ne peuvent manquer de voir en elle, grâce à la pertinence de ses actions, de ses conseils, de ses prises de position, etc., la fraction la plus à même de les guider efficacement.

"Pour devenir aux yeux du public une force politique, il ne suffit pas de coller l’étiquette « avant-garde » sur une théorie et une pratique d’arrière-garde ; il faut travailler beaucoup et avec opiniâtreté à élever notre conscience, notre esprit d’initiative et notre énergie."
Lénine, Que faire

On peut à bon droit se demander si le concept même d’avant-garde n’est pas un peu élitiste. Certes, le plus souvent, l’avant-garde est dans sa majorité constituée d’intellectuels bourgeois ou petit-bourgeois, mais cela est en fait le fruit d’inégalités - notamment d’accès à la formation et de temps libre -, inégalités auxquelles nous essayons, à notre niveau, à l’IHT, de pallier.

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En effet, notre but, à l'IHT, est de travailler à la formation d'intellectuels organiques prolétaires, afin de faire en sorte que le mouvement historique tout entier s'approprie progressivement des concepts, des revendications et des conceptions capables de l'armer intellectuellement et pratiquement contre l'état actuel des choses. Nous pensons et revendiquons le fait que la formation théorique des intellectuels organiques de la classe révolutionnaire est un préalable essentiel à l'émancipation des travailleurs et du prolétariat, et que - pour reprendre le célèbre mot de Lénine sur la question - sans théorie révolutionnaire, il n'y a pas de pratique révolutionnaire. Pour transformer le monde, il faut le comprendre. Voilà le rôle de l'avant-garde, voilà l'ambition de notre institut.

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