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Crise politique

Le grand démembrement, 5 ans de macronisme 2017-2022, partie 2

Second volet de notre analyse du quinquennat d'Emmanuel Macron. Des Gilets jaunes à la grève contre la réforme des retraites, la France vit un conflit social d'envergure – révélateur d'une guerre de classes aigüe – auquel la pandémie de Covid-19 met brusquement fin.

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Par Gabriel R.

Lecture 10 min

Partie 1 : Le grand démembrement, cinq ans de macronisme 2017-2022

Partie 3 : Le grand démembrement, cinq ans de macronisme 2017-2022, partie 3


En novembre 2018, la macronie annonce la taxe carbone, censée participer à la « transition écologique ». De fait, la crise environnementale suscitée par notre mode de production et de consommation nécessite une réorganisation de celui-ci sur des bases opposées à la logique du profit. Pourtant, depuis quelques années, le discours de la bourgeoisie tend de plus en plus à se réorienter vers le développement durable, ou plutôt vers la « transition écologique ».

Fondamentalement une économie capitaliste ne peut pas fonctionner sur une base autre que l’accumulation du capital. Les considérations environnementales sont condamnées à n’être qu’un supplément d’âme, ou pire, un prétexte pour ouvrir de nouveaux marchés : « La raréfaction de l’atmosphère respirable n’est pas orchestrée en sous-main par des vendeurs d’air en bouteille [mais], à une ère où l’air pur devient rare, on ne tardera pas, d’une façon ou d’une autre, à nous la faire payer (1) ». Comprimées par cette contradiction, les classes dirigeantes, et dans le cas ici étudié de la France, mettent en place des mesures répressives – dites « écologiques » – de ségrégation de l'espace, de punitions fiscales ou budgétaires, pour « responsabiliser » et « civiliser » les « habitudes » des uns et des autres par rapport à la « planète », réifiée en concept quasi-religieux. Les ressorts de cette immense contre-révolution écolo-réactionnaire pourraient être analysés sur plusieurs pages, mais ce n'est pas l'objet de l'article. Notons tout de même que le fait que cette explosion sociale a eu lieu à cause d'une mesure écolo-réactionnaire en dit long sur les tendances historiques que nous promet la décennie 2020.

Forgé dès 2016 par Loïc Chaigneau, le concept d'écologisme-réactionnaire entend contenir une analyse critique de l'écologisme sous ses différentes formes : politique bien sûr, mais pas seulement. L'écologisme-réactionnaire traduit une idéologie totale qui s'étend de l'aspect politique à l'aspect spirituel et religieux. La phase écolo-réactionnaire du capitalisme se présente comme le retour en force du nouveau fascisme.
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En réaction à cette « taxe carbone », donc, et pour protester de manière générale contre la hausse des prix, plusieurs citoyens, dont Jacline Mouraud, appellent à se rassembler vêtus de gilets de signalisation jaunes. En quelques semaines, le mouvement prend de l'ampleur. À l'origine, il ne suscite dans la sphère politique qu'un intérêt vague, certains populistes droitiers y voyant le moyen de taper sur l'État bureaucratique omnipotent criblé de procédures et de taxes. Mais, rapidement, la mobilisation s'accroît et coagule autour d'elle de plus en plus de citoyens, en plus d'avoir le soutien de l'opinion. La sociologie des Gilets jaunes est bien connue. Les travaux de nombreux sociologues, démographes, géographes, dont Guilluy (2), Fourquet (3) et Todd, ont décrit la désagrégation progressive du modèle français. La paupérisation et le coût exorbitant de certaines dépenses ne constituent néanmoins pas les seules régressions (4).

La disparition du tissu industriel a engendré et accompagné une série de mutations anthropologiques morcelant en profondeur la structure de notre nation. L'effondrement du catholicisme s'emboîte dans la dissolution des grands partis politiques. De même, l'apathie démocratique, intrinsèquement liée à la pensée néolibérale, a privé les classes populaires de représentation politique. Les classes laborieuses de la dite « France périphérique » du rural et du périurbain, où l'abstention atteint des taux records, se trouvent isolées tant géographiquement que symboliquement des couches moyennes encadrant la production, qui forment le tampon sociologique autour de la classe exploitante. La troisième France, celle des cités, s'isole elle aussi politiquement, tandis que son image et les questions qu'elle soulève font l'objet d'une lutte idéologico-symbolique hystériquement confisquée par l'appareil médiatique.

Le mouvement des Gilets jaunes se radicalise rapidement. Par sa façon d’occuper l’espace, il tente désespérément de combler l’atomisation de la société civile en reproduisant sur les ronds-points des lieux de vie, de débats et de délibération. Évidemment, ce processus de mobilisation esthétique et politique prête le flanc aux critiques haineuses de la classe bourgeoise assortie du « Parti de l'Ordre », comme Marx le nommait, coagulation de classes petite-bourgeoises et de couches moyennes supérieures sous les jupons de l’appareil d’État, pour l’ordre et le calme, contre les « ennemis de la société », contre les « factieux », réactivant l’antique peur de la populace, des classes dangereuses (5). Les Gilets jaunes font remonter à la surface les maux cachés de la France, que ce soit la « sécession des élites », mais également la profonde rupture entre les deux blocs, qui n'évoluent visiblement plus dans le même imaginaire ni les mêmes espaces. « Le bloc bourgeois est socialement minoritaire ; mais il peut compter sur la dispersion et sur l'abstentionnisme pour s'imposer (6) ». Illustration parfaite de cette fracture : l'intervention de Mathieu Kassovitz, réalisateur de La Haine et chantre de la gauche bourgeoise et du décorum PS/SOS Racisme/Misérabilisme, qui déclare en décembre 2018 que les « extrêmes » ne manqueront pas de « récupérer » ce mouvement dont il faut apprendre à voir le « positif », et, qu’après tout, nous avons la chance d’être en démocratie (7).

Même Le Monde, véritable indicateur de l'idéologie dominante, publie deux jours plus tard un papier intitulé « Pourquoi le quotidien d’un couple de Gilets jaunes dérange une partie de nos lecteurs (8) », suite à un « déluge » de « commentaires désobligeants » exprimant « pour l'écrasante majorité d'entre eux », selon les propres mots de la Pravda, « une grande hostilité à l’égard du mode de vie de cette famille, installée dans l’Yonne. Tout leur est reproché : le fait qu’ils aient quatre enfants à 26 ans, qu’ils touchent 914 euros d’allocations familiales, que la mère ne travaille pas – même si c’est pour éviter des frais de garde trop élevés –, le montant de leurs forfaits téléphoniques, le fait qu’ils aillent au McDo, qu’ils achètent des vêtements de marque à leurs enfants, et même qu’ils aient un chien. » Tout est dit. Même les bourdieusiens soc-dem du plus grand quotidien de France sont choqués de voir que leur lectorat peste contre les « assistés », les « faux pauvres », les « ploucs » qui « gèrent pas leur budget » et qui « achètent des écrans plats avec trois enfants à charge ». Les arguments haineux mobilisés par les lecteurs du Monde recyclent les poncifs énoncés par l’économiste anglais Thomas Malthus dans son Essai sur le principe de population. Au XIXᵉ siècle déjà, Malthus considérait que la pauvreté des classes inférieures provenait de leur bestialité sexuelle générant une prolifération trop excessive par rapport aux ressources disponibles. Les pauvres ne sauraient envisager une amélioration de leur condition que dans la mesure où : 1) on en réduirait le nombre ; 2) ils moraliseraient leur comportement, leur appétit, leurs habitudes – leur mode de « consommation » dirait-on aujourd’hui (9) ; 3) ils accepteraient leur condition, conforme à la structure naturelle de la société (10).

Cette France d'en haut, largement issue du « 1789 des classes moyennes », cette France « gagnante de la mondialisation » – pour parler comme un analyste de sous-préfecture payé par le service public – s’est substantiellement modifiée au cours de cet épisode de lutte de classes. En effet, M. Macron s'est délesté de son aile gauche écolo-bobo, séduite par la jeunesse et le « versant social » du programme de 2017, pour la remplacer par un géronto-régiment de droite néolibérale, sécuritaire et « inquiet », enclin à arracher des globes oculaires si trop d'Abribus venaient à être dégradés. C'est ainsi qu'une fraction d'ex-fillonistes aux retraites généreuses s'est rangée derrière Macron-Thiers et que LREM s'est transformé en « Parti de l'Ordre », les foulards rouges en « Société du 10 décembre (11) » passive. La tendance s'est confirmée durant la pandémie, au point que, comme le note Marcel Gauchet (12), M. Macron a statistiquement gardé le même taux de soutien dans la population, tout en ayant changé de base sociale. Il coagule désormais tout un panel de débris de classes plus ou moins exploitées, de droite ou de gauche libérale, dont la plupart pataugent dans la fausse conscience la plus abjecte ; en particulier les fonctionnaires tels que les profs, européistes congénitaux mais simultanément exaspérés par les conditions de travail dégradées par la libéralisation de l'Éducation Nationale. Le macronisme, en tant que synthèse néolibérale radicalisée en crise d'hégémonie, se manifeste ainsi en tant que pensée politique, dans les consciences de ses soutiens, comme une forme plus ou moins aggravée de « déficit cognitif (13) » niant et inversant le réel.

La question du contrôle – contrôle des prix et du personnel politique – a remis au goût du jour le besoin vital de souveraineté, et a rappelé, tant à la droite identitaire qu'à la gauche postmoderne, que la question sociale n'est pas morte et continue de façonner le paysage politique. La teneur de ce mouvement fracture en long, en large et en travers le clivage parlementaire gauche/droite, à l’intérieur duquel n'existent que des oppositions de façade. Mais fondamentalement, la gauche est restée aveugle à la sociologie des Gilets jaunes (14), de même que la droite s'est trouvée incapable de répondre à la question sociale au-delà d'un protectionnisme tiède. Ce qu'a en revanche rendu possible cette révolte, c'est la possibilité d'un mouvement révolutionnaire puissant, populaire, social et patriotique, qui recoupe, grosso modo, tant sociologiquement qu’idéologiquement, l'hégémonie souverainiste en cours de formation et d'homogénéisation, en dehors du gauchisme gesticulant et de l'identitarisme libéral.

→ À lire aussi : Leur clivage et le nôtre : au sujet de la gauche et de la droite

Si, dans les premières semaines, les premiers mois, le mouvement des Gilets jaunes projette sur la scène politique le prolétariat français au travers de différentes fractions de classes issues des territoires ruraux ou périurbains, il finit par s'enliser et s'enfermer dans une logique hermétique. Le moment qui s'étale de novembre 2018 au printemps 2019 est un processus de négation qui comporte plusieurs traits progressistes, compte tenu de la contre-révolution néolibérale que nous encaissons depuis quarante ans. Le premier point est l'arrivée dans les luttes de classes et les manifestations de pans entiers du prolétariat, autres que les habituels électeurs de gauche en lutte pour les acquis sociaux. Cela comprend une refonte esthétique et symbolique comportant aussi bien les Gilets jaunes que l'imaginaire national et jacobin (Marianne, guillotine en carton, bonnets phrygiens). En creux, le Gilet jaune « désigne l'ennemi (15) » : le macroniste libéral, déraciné, européen, suffisant.

De plus, le mouvement pose des questions politiques de démocratie, de souveraineté, de contrôle. Des questions existentielles liées à la dissolution de la France, en réaction à l'économisme dans lequel s'étaient enfermés la gauche et les syndicats. Hélas... ! Sa force se muera de plus en plus en faiblesse, et cette jacquerie (16) peinera à se doter d'une colonne vertébrale – tant sur le plan organisationnel qu'intellectuel – et aura du mal à lier plus intimement le rejet de Macron (mais aussi des contre-réformes néolibérales et du grand capital en général) en cantonnant le problème dans la sphère politique – politicienne, même (bien que des mesures comme le RIC ouvrent la voie à une réflexion approfondie sur le contrat social). Paradoxalement, les Gilets jaunes sont une réaction à l’imbrication de la question sociale et fiscale, mais aussi de la question de la souveraineté nationale et populaire, sans pour autant prendre conscience de l'unité de tous ces enjeux à travers le phénomène de lutte des classes opposant, en première instance, les propriétaires des grands moyens de production et d'échange à ceux qui n'ont que leur force de travail, sans oublier la mosaïque de petits patrons et artisans, possesseurs de leur outil mais broyés par la concurrence.

La répression de ce mouvement absolument étranger aux élites a étendu à toute la population l'utilisation de procédés que l'on ne voyait jusque-là que dans les manifestations anti-dictature de pays exotiques ou, à la limite, dans certaines de nos banlieues : mains arrachées, bouches édentées, globes oculaires déformés (sinon crevés), infirmières traînées au sol, pompiers gazés, assignations à résidence, gardes à vue arbitraires, « nassages », etc.

Hiver 2019-2020. Le mouvement s’essouffle, même s'il se trouve ponctuellement relancé par des manifestations plus ou moins anarchiques et petite-bourgeoises telles que les marches pour le climat ou les révoltes étudiantes. Barbara Stiegler a brillamment résumé la teneur de ces mobilisations, et l'on pourrait par bien des aspects étendre son observation aux luttes syndicales : « Il faudrait que l'on se soumette aux règles, les sacro-saintes “règles de l'AG”. Mais d'où viennent ces règles ? Et en a-t-on même discuté ? Y avons-nous consenti ? Au moment où, encore assise à la tribune, j'ai comme une irrépressible envie de me lever et de partir, je me souviens que ces règles viennent de toutes ces luttes qui, depuis la crise du VIH jusqu'à la mobilisation contre la loi Travail et sa Nuit debout, ont grandi dans l'hiver de la dépolitisation. Qu'elles sont issues d'un monde où le seul combat légitime est devenu la lutte contre la domination et l'asymétrie du pouvoir (des mâles, des Blancs, des sachants). Qu'elles sont à l'image de ce monde où, au lieu d'applaudir, on fait tourner nos poignets comme des moulins. Où l'on ne parle pas trop fort et trop vivement. Où l'on est bienveillant. Où l'on expose les points de vue comme autant d'atomes qui se croisent et s'esquivent. Et puis, au bout d'une heure trente, le même constat dépité : on parle, on parle, on juxtapose patiemment les opinions de X et de Y, mais on a toujours rien décidé (17). » Combien d'entre nous ont vécu ces scènes embarrassantes, dans les facultés, en 2018-2019, où des prolos Gilets jaunes venus en délégation écoutaient, hagards, les quelques bureaucrates de Solidaires et de l'Unef sur la chaire, interdisant « toutes les prises de parole xénophobes, islamophobes, homophobes, transphobes, négrophobes, grossophobes, validistes » ?...

→ À lire aussi : Conférence de Loïc Chaigneau sur l'escroquerie de l'intersectionnalité

Le gouvernement Macron, dans un geste très thatchérien, enclenche alors la réforme des retraites – visant à liquider un bastion du déjà-là communiste de 1946 – en transformant la retraite par socialisation par un système de points dont la bourgeoisie pourrait définir la valeur selon la conjoncture économique. Le 2 décembre 2019, une série de manifestations fleuve inaugure une grève générale de grande envergure se prolongeant tout au long de l'hiver, sans voie de sortie. Le lien entre la crise des Gilets jaunes et le mouvement social traditionnel commence à s'établir tant bien que mal. La droite d'argent, dont les journaux Le Point et Le Figaro sont les représentants, fait tomber les masques en tentant de fracturer en deux le mouvement social, en opposant le fainéant fonctionnaire attaché à sa retraite au digne Gilet jaune harassé de taxes. En polarisant la société française, cette séquence de lutte de classes a eu le mérite de re-politiser le corps social et de refaire descendre le conflit dans les strates inférieures, là où le néolibéralisme l'avait neutralisé ou confiné dans des sphères d'experts, en dehors de la portée des masses.

À l'aube de la nouvelle décennie, un étrange virus venu de Chine commence à agiter les rédactions. La périphérie du monde civilisé se couvre de masques chirurgicaux (encore une lubie des Chinois) et voici que la « dictature totalitaire du Parti communiste chinois » empêche les citoyens de Wuhan de sortir de leurs maisons ! Mais, rapidement, la mauvaise blague se pose sur la botte italienne, et le projecteur idéologico-numérique, le « grand œil », se détourne du terrible conflit social hexagonal pour se braquer sur le grand autre, l'agent invisible, inatteignable, le terroriste ultime, dangereux, rapide, fluide, chinois. En deux temps trois mouvements, la petite particule organique claquemure la population française. Union sacrée, « restez chez vous », « sauvez des vies », « quoi qu'il en coûte », « nous sommes en guerre ». L'intervention prométhéenne de l'État dans l'économie pour re-rationaliser l'anarchie globalisée fait miroiter à certains la fin du néolibéralisme. Finalement, ce n'est qu'une étatisation brutale de l’économie française, doublée d'une accélération du démantèlement européen de l'État jacobin. Ainsi s'achève un peu plus d’un an de guerre de classes, avant que le virus ne rende possible le 18 brumaire d’Emmanuel-le-liquide.

Suite (partie 3) : Le grand démembrement, cinq ans de macronisme 2017-2022, partie 3


(1) Grégoire Chamayou, La société ingouvernable, Paris, La fabrique, 2018, page 190
(2) Christophe Guilluy, La France périphérique, Paris, Flammarion, 2015, 192 pages
(3) Jérôme Fourquet, L'archipel français, Paris, Seuil, 2020, 512 pages
(4) Emmanuel Todd, La lutte des classes en France au XXIᵉ siècle, Paris, Points, 2020, pages 35-70
(5) Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Paris, Garnier Flammarion, 2007, pages 65-66
(6) Bruno Amable, Stefano Palombarini, L'illusion du bloc bourgeois, Paris, Raisons d'Agir, 2017, page 142
(7) « Interdit d'interdire : Face aux Gilets jaunes, E. Macron opère-t-il un virage dans sa politique ? », RT France, 12 décembre 2018
(8) « Gilets jaunes : pourquoi le quotidien d’un couple dérange une partie de nos lecteurs », Le Monde, 20 décembre 2018
(9) Michel Clouscard rappelait déjà que la misère, même quand elle roule en voiture, reste de la misère. Voir Michel Clouscard, Le frivole et le sérieux, Paris, Delga, 2017, 232 pages.
(10) « Il [le pauvre] faut qu’il sache que les lois de la nature, c’est-à-dire les lois de Dieu, l’ont condamné à vivre péniblement pour le punir de les avoir violées ; qu’il ne peut exercer contre la société aucune espèce de droit pour obtenir d’elle la moindre portion de nourriture au-delà de ce qu’en peut acheter son travail ; que si lui-même et sa famille sont mis à l’abri des tourments de la faim, ils en sont redevables à la pitié de quelques âmes bienfaisantes, qui ont droit par là même à toute sa reconnaissance. » Thomas Malthus, Essai sur le principe de population, cité dans Jean Fréville, L’épouvantail Malthusien, Paris, Sociales, 1956, page 170
(11) Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Paris, Garnier Flammarion, 2007, page 129
(12) Marcel Gauchet, Macron, les leçons d'un échec, Paris, Stock, 2021, 320 pages
(13) Emmanuel Todd, Les luttes de classes en France en France au XXIᵉ siècle, op cit., page 301
(14) « C'est la France des jeux télévisés et de Patrick Sébastien, un monde dans lequel la télévision reste toujours allumée, élément sonore qui transforme la proximité en promiscuité rassurante. Elle se passionne pour le petit Grégory, les malheurs des têtes couronnées, l'horoscope, les faits divers, les crimes pédophiles (« Qui aura les couilles de rétablir la peine de mort pour ces salopards ! »). Très peu de politique, parce qu'on lui a volé sa souveraineté, qu'elle s'acharne à récupérer ! », François Bousquet, « La France des ploucs émissaires », Élément n°176, février–mars 2019, pages 30-34
(15) Carl Schmitt, La notion de politique, Paris, Champs, 1992, pages 57-95
(16) Une certaine gauche radicale a trouvé ce terme péjoratif par pureté révolutionnaire, tandis que la droite l'utilisait systématiquement par romantisme féodal ou pour brocarder la République universaliste et centraliste que serait le régime actuel. L'analogie est ici faite non par condescendance ni par nostalgie de l'Ancien Régime. Le mouvement naît de la contestation d'une taxe et se répand dans les campagnes, en plus d'être le début d'un nouveau cycle de lutte des classes au terme de la grande nuit néolibérale de pacification sociale. Le concept est donc tout à fait approprié pour désigner le soulèvement des Gilets jaunes comme moment révolutionnaire, où les masses laborieuses redécouvrent cahin-caha leur conscience de classe en s'opposant à la figure d'Emmanuel Macron.
(17) Barbara Stiegler, Du cap aux grèves, Lagrasse, Verdier, 2020, pages 99-100
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