Thème Les conquêtes sociales de 1946 en France, leur dimension révolutionnaire et le déjà-là communiste.
Thèse Une révolution se fait d’abord par l’accumulation d’actes révolutionnaires dans le domaine du travail. Les conquis sociaux de 1946 sont des actes révolutionnaires qui posent les jalons d’une révolution socialiste dont actuellement 1/3 de la production en France est communiste : le statut de la fonction publique, le régime général de sécurité sociale, la cotisation, la subvention et le salaire à la qualification personnelle nous rendent indépendants du patronat. La révolution se réalise lorsque les travailleurs s’organisent pour prendre le pouvoir collectivement sur leur outil de travail (moyen de production : entreprise, usine, exploitation agricole …) et c’est ainsi que nous pourrons nous débarrasser du grand patronat et vaincre Macron et la classe dirigeante qu’il représente.
Questions concrètes • Comment faire la révolution en France ? • Quelle est l’histoire du communisme français ? • Les conquêtes de 46 sont-elles réformistes ou révolutionnaires ? • Comment se débarrasser concrètement du grand patronat ?
Résumé détaillé Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, écrivait qu’il fallait « détruire méthodiquement les acquis du Conseil National de la Résistance (CNR) de 1946 ».
Cette phrase explique à elle seule l’ensemble des politiques d’austérité de ces 12 dernières années de Sarkozy à Emmanuel Macron en passant par Hollande, tous sous l’emprise des directives de l’Union Européenne.
Bernard Friot, dans Vaincre Macron, nous rafraîchit la mémoire en exposant de manière synthétique ses longues années de recherches sur les conquêtes ouvrières de 1946 et ainsi nous fait mesurer l’enjeu révolutionnaire des acquis du CNR.
Il le fait en opposition frontale à l'opinion courante (et aussi hélas à gauche) qui voudrait que tout ce pour quoi la classe laborieuse s’est battue au sortir de la guerre ne serait que des compromis passés avec le patronat dans une situation d’avantage (État providence).
Au contraire, Friot démontre que ces conquêtes ont été obtenues de haute lutte par le Parti Communiste Français (PCF) et la CGT.
Il va même plus loin et affirme que ce sont ces actes révolutionnaires que nous devons prolonger si nous voulons mener une révolution socialiste en France.
Maurice Thorez (PCF) et Ambroise Croizat (PCF • Ministre du travail) ont réalisé en 1946 un modèle efficient, un socialisme à la française, en créant le statut de la fonction publique et le régime général de sécurité sociale dont nous bénéficions des bienfaits encore aujourd’hui mais de plus en plus détruit par la classe dirigeante et ses politiques d’austérité successives.
Dès lors, en quoi consiste ces conquêtes sociales ?
Contrairement aux salariés du privés, les fonctionnaires ne sont pas payés pour renouveler leur force de travail mais payés en fonction de leur grade (leur qualification).
Ainsi, il leur est versé un salaire qui les reconnait comme des producteurs de valeur économique. C’est-à-dire qu’ils ne sont ni payés à l’heure, ni payés à la tâche, mais pour ce qu’ils sont - des producteurs - et cela à vie.
Ce salaire à la qualification personnelle bénéficie à une partie des travailleurs - notamment dans le service public - et notre enjeu révolutionnaire actuel est de le généraliser à tous les secteurs d’activité par une extension massive et générale des cotisations sociales.
Les cotisations sont du salaire socialisé que les travailleurs se versent à eux-même dans des caisses de cotisation comme à la sécurité sociale. C’est une partie du PIB, donc de la valeur économique produite par les travailleurs, qui leur revient de droit.
Cette valeur économique ne passe jamais dans les mains du grand patronat, il ne peut ni la capitaliser, ni spéculer sur les marchés boursiers, ni la réinvestir pour faire un profit illégitime avec une propriété lucrative, ni exploiter des travailleurs. Cette valeur socialisée est donc sous la seule responsabilité et souveraineté de la classe travailleuse.
En institutionalisant ce modèle économique, les communistes ont inauguré une nouvelle pratique communiste de la valeur qui s’affranchit de la mainmise des capitalistes propriétaires des moyens de production et de ses carcans pernicieux.
Ainsi, la classe ouvrière a su dépasser la forme capitaliste du salaire pour en faire un levier de la révolution, bien au-delà de ce qu’en dit l’idéologie et la religion capitaliste qui voudraient faire passer nos conquêtes pour des « charges » sociales.
On comprend donc que cette destruction méthodique du CNR voulue par l’Union Européenne et le MEDEF est une contre-révolution face à laquelle les travailleurs doivent s’organiser, car comme le disait Croizat « le patronat ne désarme jamais ».
En conclusion, cet ouvrage Vaincre Macron, vous donnera les clés de compréhension du communisme français, de notre héritage avec lequel nous devons impérativement renouer et dans le même temps nous organiser pour en prolonger les acquis révolutionnaires. Aurélien Bähler
Bibliographie • Friot et Judith Bernard, Un désir de communisme • Bernard Friot, Le travail, enjeu des retraites • Bernard Friot, L’enjeu du salaire