picto facebook Institut Humanisme Total picto youtube affranchi IHT picto twitter Institut Humanisme Total picto instagram Institut Humanisme Total picto discord Institut Humanisme Total picto flux rss affranchi
Accueil  ⟩   Théorie  ⟩   Philosophie
Concept

Définition de l'Homme Total

Qu'est-ce que l'Homme Total ? De Charles Fourier à Henri Lefebvre en passant par Karl Marx et Michel Clouscard, le concept d'Homme Total exprime la liberté de l'humanité dans son immense profondeur.

Partager
( / )
×
Par Loïc Chaigneau

Lecture 5 min

Est-ce un concept réactionnaire, machiste, new age ou de développement personnel ? Rien de tout ça.

Mais alors, quelle peut bien être la définition de l'Homme Total ? C'est ce que nous allons voir.

L'Homme Total traverse l’œuvre de nombreux marxistes. Ce concept est un continent, et nous vous offrons un petit florilège de citations pour vous dévoiler la face émergée de l'iceberg.

« L'Homme Total se réalise dans le communisme. Il est désaliéné de la division sociale du travail, revalorisant la praxis, et reconnu comme producteur au sein de la société. »
Institut Homme Total, Définition synthétique et abrégée

Marx

« L'homme s'approprie son être universel d'une manière universelle, donc en tant qu'homme total. Chacun de ses rapports humains avec le monde, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la pensée, la contemplation, le sentiment, la volonté, l'activité, l'amour, bref tous les organes de son individualité, comme les organes qui, dans leur forme, sont immédiatement des organes sociaux, sont dans leur comportement objectif ou dans leur rapport à l'objet l'appropriation de celui-ci, l'appropriation de la réalité humaine ; leur rapport à l'objet est la manifestation de la réalité humaine ; c'est l'activité humaine et la souffrance humaine car, comprise au sens humain, la souffrance est une jouissance que l'homme a de soi. [Les hommes et les femmes, dans le communisme cessent alors d’être définis par leur manque (1)] Il faut surtout éviter de fixer de nouveau la « société » comme une abstraction en face de l’individu. L’individu est l’être social. »
Marx, Manuscrit de 1844

« L’homme n’est pas seulement un être naturel humain, c'est-à-dire un être existant pour soi, donc un être générique, qui doit s’affirmer et se manifester en tant que tel dans son existence et dans son savoir. »
Marx, Manuscrit de 1844

Note : Chez Marx, l'être générique est synonyme de l'Homme Total. Il s'oppose à l'être organique produit par la nature et ses déterminismes biologiques. L'être générique produit ses conditions matérielles d'existence, il se produit lui-même et produit ses propres déterminismes sociaux et historiques. C'est en cela que l'homme se distingue de l'animal.


« Dans la société communiste, personne n’est enfermé dans un cercle exclusif d’activités, et chacun peut se former dans n’importe quelle branche de son choix ; c’est la société qui règle la production générale, et qui me permet ainsi de faire aujourd’hui telle chose, demain telle autre chose, de chasser le matin, de pêcher l’après-midi, de m’occuper d’élevage le soir et de m’adonner à la critique après le repas, selon que j’en ai envie, sans jamais devenir chasseur, pêcheur, berger ou critique. »
Marx, Engels, L’idéologie Allemande, 1846

Note : L'Homme Total se réalise dans la société communiste.


« La grande industrie fait du remplacement de cette monstruosité que représente une population ouvrière disponible et misérable, tenue en réserve par le capital pour ses besoins d’exploitation changeants, par une disponibilité absolue de l’homme pour les exigences changeantes du travail, une question de vie ou de mort ; même urgence pour le remplacement de l’individu partiel, simple support d’une fonction sociale de détail, par un individu totalement développé pour qui les diverses fonctions sociales sont autant de modes d’activité qui prennent le relais les uns des autres. »
Karl Marx, Le Capital. I. section 4, Chapitre XIII, trad. 2016, p 470 d’après la 4ème édition allemande, trad JP Lefebvre


Loïc Rignol à propos de la conception de l’homme total chez Charles Fourier

Charles Fourier

« Il faut que tous les attributs de la nature humaine soient exercés dans l’association, faute de quoi les séries ne pourraient pas se constituer. Elle doit favoriser la naissance d’un homme total ou générique. Celui-ci doit trouver dans l’exercice de toutes ses aptitudes, voulues par Dieu, le bonheur attaché à la satisfaction de sa Destinée. »
Loïc Rignol, Le socialisme scientifique en France dans le premier XIXe siècle


L'homme est le résultat d’un long processus évolutif dont le fil rouge est le développement de la praxis, souvent ignoré volontairement ou involontairement. Pourtant, c’est bien ce qui est au coeur du sujet tant individuel que collectif. Cet exposé reprend les acquis de l’anthropologie historique sous un regard matérialiste, dialectique et historique qui conjugue homo sapiens et homo faber.
De l'homme originel à l'homme naturel, jusqu'à l'homme synthétique puis à l'homme total, retrouvez dans ce cours la genèse de l'homme.
Découvrir
Clouscard

« L’homme de l’ontogenèse est celui d’un corps réel, concret, vivant. Parce que synthèse de l’originel et du naturel ! Parce que fin et commencement ! Déjà, un paradoxe et sa résolution. Kant se demandait comment le jugement synthétique a priori était possible. L’ontogenèse répond par cela même qui fait son principe, sa nature : la synthèse de l’homme originel et de l’homme naturel n’est autre que l’homme synthétique. La réalité immédiate, donnée, notre corps, le corps actuel, est déjà l’acte du corps qui a synthétisé a priori. L’expérience qui manque au jugement synthétique a priori de Kant n’est autre que ce processus synthétique qui ne peut être qu’en donnant l’existence à l’originel et au naturel. »
Michel Clouscard, Les Chemins de la praxis, posthume, 2014


« Tout le travail de l’ontogenèse, de l’homme synthétique, consiste à unifier ce que la philosophie a divisé. L’histoire des civilisations n’est autre que la résolution de cette dualité de la phylogenèse. Celle-ci dit la trame de l’histoire sa raison d’être, la création du corps-sujet. L’ontogenèse – le corps synthétique – est la solution de la problématique par la phylogenèse. »
Michel Clouscard, les Chemins de la praxis


« L’homme total – synthétique — est le double pouvoir de continuer son désir – de lui donner existence par son amour, c’est la fidélité — et de créer sa propre existence par la praxis, c’est-à-dire par les œuvres. La praxis et l’amour – la fidélité et le produire – sont le double impératif de la créature, devoir à l’égard du genre (humain) et de l’Être. C’est-à-dire à l’égard de l’Autre. [...] Psyché et Praxis constituent le couple idéal, “l’avenir de l’homme”. »
Michel Clouscard, Refondation féodale, inédit

Henri Lefebvre

« Qu'est donc l'homme total ? Ni physique, ni physiologique, ni psychologique, ni historique, économique ou social exclusivement et unilatéralement ; il est tout cela, et plus encore que la somme de ces éléments ou aspects : il est leur unité, leur totalité, leur devenir.

[...] L’idéal sans idéalisme se trouve dans l’idée de l’homme : dans l’idée de son total développement et de son accomplissement. L’homme total, cette idée qui plonge au plus profond du devenir réel, fonde l’éthique nouvelle de deux façons :

a) L’étude scientifique – physiologique, psychologique, pédagogique, etc. – de l’être humain permettra de déterminer les conditions objectives de son épanouissement. Les lois de ce devenir humain se transforment sans contestation possible et sans difficultés théoriques en règles d’action, en normes. Le fait humain ainsi déterminé et pris dans son mouvement ne peut s’opposer au droit ; la règle technique fondée sur l’observation et l’expérience ne peut s’opposer à la valeur. Par exemple, une technique pédagogique permettant d’orienter le développement de l’enfant prend par cela même une valeur éminente.

b) Comment avancer vers l’homme total ? Par le dépassement des conditions d’existence actuelles (dépassement rendu possible par les contradictions internes et les problèmes qu’elles posent). Sur le sens dialectique, assez complexe, de ce mot « dépassement » – qui signifie à la fois abolir ces conditions et porter à un niveau supérieur le réel qu’elles limitent–, il convient de consulter les traités spéciaux de Logique et de remonter aux sources de la pensée dialectique : Hegel et Marx.

Le dépassement ainsi conçu implique un impératif social, et aussi un impératif, – c'est-à-dire une éthique, – à l'échelle individuelle. Que l'individu, que chaque individu se dépasse ! Ce dépassement dialectique n'a rien d'une liberté arbitraire ; l'individu qui croirait dépasser ses limites par sa fantaisie propre, s'enfermerait au contraire plus étroitement dans ses limites (comme il arrive trop souvent dans la rêverie, dans la spéculation abstraite et l'invention fantasmagorique).

Se dépasser, c'est aller dans le sens du devenir, vers l'homme total. C'est donc participer de plus en plus largement à ce devenir, à ces possibilités dans tous les domaines. Le dépassement implique donc un impératif de connaissance, d'action, de réalisation croissantes [...]

La véritable individualité tendra vers l'homme total, vitalité naturelle épanouie et lucidité complète, capable d'action pratique et de pensée théorique, ayant dépassé les activités mutilées, incomplètes (les travaux parcellaires et divisés).

Ce sera, dit Marx, l'individu libre dans une société libre. Sous cet angle, le communisme qui se définit déjà par le dépassement de l'aliénation humaine en général se définit aussi par le dépassement de l'aliénation et des conflits internes de l'individu [...]

Ainsi, le marxisme renouvelle l'idée de l'homme et l'humanisme en leur donnant un sens pleinement concret. Il a bouleversé, révolutionné la vieille philosophie. »
Henri Lefebvre, Le marxisme

→ À lire aussi : Henri Lefebvre, Le rapport de l'homme à la nature et la production de sa liberté vers l'homme total


Ce florilège rapide n’est absolument rien par rapport aux centaines de pages chez Marx, aux milliers de pages déjà chez Rousseau, Hegel et les continuateurs de l’hégéliano-marxisme qui font état de cette conception d’Homme Total, sans citer inutilement en boucle le concept.

Toute l’œuvre de Marx et de ses continuateurs réels plaide pour une critique de la séparation, de l’aliénation, en faveur d’une conservation/dépassement de l’être générique, synthétique, total.

De même, l’approche ontologique de l’homme et du social, qui sont inséparables chez Marx, procède d’une compréhension de la totalité héritée de Hegel.

Bref, le concept d'Homme Total est la substance de toutes ces pages ... et notre mission est de vous enseigner le matérialisme dialectique et historique pour accéder à la compréhension de l'immensité de ce concept et à devenir les acteurs de sa réalisation.

Alors, qu'attendez-vous pour rejoindre l'Institut Homme Total ?

Formez-vous à l'Institut et rejoignez-nous en adhérant !

(1) Note de Loïc Chaigneau
Partager
À la Une

Écologisme et sacré : le cas d'Extinction Rebellion

Barrès en héritage

Qui sommes-nous ?
L'Affranchi IHT est le média de
l'Institut Humanisme Total
En savoir plus
Soutiens-nous
Finance ton média
affranchi de l'idéologie dominante
Faire un don
picto facebook Institut Humanisme Total picto youtube affranchi IHT picto twitter Institut Humanisme Total picto instagram Institut Humanisme Total picto discord Institut Humanisme Total
cours et formations Institut Humanisme Total formations politiques et cours de philosophie marxiste loic chaigneau
Forme-toi
Pour transformer ta compréhension
de l'information
Institut
Rejoins-nous
Adhère à l'Institut Humanisme Total
à partir de 10€ par an
Adhérer
Philosophie

Définition de la critique en philosophie

L'Antéprédicatif de Husserl à Clouscard

Plus d'articles
LES PLUS LUS
bibliographie conseils de lecture Institut Humanisme Total bibliothèque Voir la bibliothèque livres librairie Institut Humanisme Total bibliothèque Acheter les livres Marx FM Podcast marxiste marx communisme Institut Humanisme Total Écouter Marx FM
picto formation diplome picto vidéos picto i picto theorie picto actualites