L’arnaque du soi-disant "développement personnel"
Très en vogue actuellement, les pratiques de développement personnel s’inscrivent pourtant dans le cadre d’un mode de production qui nous aliène de plus en plus et ne permet aucune transformation conséquente de soi. Elles ne sont qu’une escroquerie dont la classe dirigeante s’accommode parfaitement.
On assiste depuis une quinzaine d’années, un peu partout dans le monde et notamment en France, à une multiplication des pratiques dites de « développement personnel », que ce soit dans la sphère privée, dans celle des loisirs ou au sein même des entreprises.
A priori, ces pratiques semblent s’opposer à ce que leurs adeptes nomment le « matérialisme » (un attrait pour les objets, l’argent, les apparences, etc.) et donc, par là, au capitalisme, mode de production dont la tendance au dit « matérialisme » est, certes, l’un des symptômes.
Or, il n’en est rien. Le capital s’accommode au contraire parfaitement de la plupart des formes de développement personnel.
Illustrons cela par un exemple : de nos jours, de plus en plus d’entreprises mettent à disposition de leurs salariés ce que nombre d’entre eux voient comme de réels « avantages », tels qu’un accès à des babyfoot ou à des tables de billard entre midi et deux, des tickets de sortie, des séances de réflexologie et de relaxation, des cours de yoga, etc. Autant de formes de « développement personnel » sur les lieux mêmes du travail.
Le problème, c’est qu’à côté de cela, ces mêmes entreprises imposent à leurs employés des salaires souvent misérables, des horaires parfois très conséquents, et, fréquemment, une déqualification à l’embauche importante. Le salarié y est constamment mis sous pression, avec toujours plus d’objectifs à atteindre dans un laps de temps toujours plus court.
L’escroquerie des pratiques de « développement personnel » est donc évidente : celles-ci font miroiter une prétendue transformation de soi là où, en pleine crise économique, écologique et anthropologique, il n’y a plus de développement personnel possible. À défaut d’acquis sociaux conscients, on va préférer des « avantages » qui ne donnent en réalité qu’un semblant d’accès à une prétendue « société de consommation ».
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Alors, oui, vous pouvez tutoyer le patron, oui, vous pouvez jouer au babyfoot, oui, vous pouvez faire de la méditation, tant que vous servez bien dans les rangs du capital, il n’y a aucun problème. La classe dirigeante, via ces soi-disant « avantages », est en train de ravaler l’émergence possible de nouvelles forces productives qui pourraient faire pencher dans l’autre sens les enjeux et les rapports de force qui nous intéressent.
À rebours de cela, il faut au contraire promouvoir une réelle transformation de soi et du monde, qui passe d’abord par le collectif, et non pas une escroquerie qui laisserait entendre qu’on se transforme soi, qu’on s’améliore soi-même dans un cadre qui sans cesse nous aliène de plus en plus.