La parole des concerné·es suffit-elle à avoir raison ?
L’affirmation selon laquelle il faut être directement concerné par un fait social pour en parler est aujourd’hui répandue. Mais cette approche mérite toutefois d'être reconsidérée.
Cet article est la retranscription d'un thread twitter de Loïc Chaigneau
Ce que Marx et Freud, nous ont appris les premiers, c'est que l'individu qui fait l'expérience d'un fait social n'est pas nécessairement le mieux placé pour en donner une explication adéquate et objective.
Cela ne retire en rien la nécessité de l'expérience empirique ; mais c'est une condition non suffisante, bien que nécessaire.
Attention à ne pas croire que parce que l'on est X ou Y on comprend (terme décisif) mieux ce que X ou Y vit objectivement dans le rapport social. Cela est possible mais non évident (1). Ne réduisons donc pas un phénomène social à celui qui peut en parler parce qu'il le subit : la tête dans le guidon, nous ne sommes pas toujours les mieux placés pour en parler.
Avoir un plateau télé de "blancs" pour parler du racisme n'est donc pas un problème en soi. Cela le devient dès lors que ces individus représentent l'intérêt minoritaire d'une classe dominante qui se refuse à reconnaître tout acte de violence commis par un appareil répressif d'État à la solde de cette même classe dirigeante.
« Donc, en substance, il ne s’agit pas de lutte des races. Nous éduquons rapidement les gens à cela. Selon nous, c’est une lutte des classes entre la massive classe ouvrière prolétarienne et la petite minorité qu’est la classe dirigeante. Les ouvriers de toutes les couleurs doivent s’unir contre la classe dirigeante qui exploite et opprime. Donc, laissez-moi insister de nouveau — nous croyons que notre combat est une lutte des classes et non une lutte des races. »
Bobby Seale, cofondateur du Black Panther Party
→ À lire aussi : Ce texte de Bobby Seale, traduit par la revue Ballast
Soyons méthodiques : il faut opérer un passage du concret empirique au concret intelligible par l'abstraction théorique - seul moyen de prendre en considération l'expérience empirique des individus dont il faut tenir compte, tout en l'élevant au-delà pour une lutte efficace (2).
Pour conclure, là où le postmodernisme octroie la primauté à la parole des concernés pour leur donner raison, nous montrons qu'elle ne suffit pas car elle ne permet pas une compréhension objective du monde social et donc les moyens de lutter contre la cause réelle des multiples discriminations.
Il est donc nécessaire de proposer une alternative à la gauche postmoderne :
Écologisme et sacré : le cas d'Extinction Rebellion
Barrès en héritage

Le rapport de l'homme à la nature et la production de sa liberté vers l'Homme Total
Marx était-il marxiste ?


