Penser avec Marx aujourd’hui : Michel Clouscard et Bernard Friot
Pour comprendre le moment historique que nous traversons, il est nécessaire de conjuguer les travaux de Michel Clouscard et Bernard Friot à la pensée marxiste.
Cet article est la retranscription d'un thread twitter de Loïc Chaigneau
À l'I.H.T nous revendiquons la ligne marxiste-léniniste, à laquelle s'ajoutent, selon nous, les apports décisifs de Gramsci mais aussi de Clouscard et de Friot.
Nous sommes les seuls à proposer une continuité logique de ces travaux sans nous y réduire et sans exclure ceux des autres.
D’abord parce que Clouscard comme Friot sont tous deux (consciemment ou non) de vrais hégéliano-marxistes, à rebours malheureusement des intellectuels du Parti Communiste Français actuel.
Michel Clouscard a pensé la logique du néo-capitalisme et notamment l’émergence des nouvelles couches moyennes (NCM). De nos jours, trop de sociologues confondent encore complètement NCM et classes moyennes, ce qui brouille toute analyse de classe réellement efficace.
Clouscard a su prolonger Marx, c’est-à-dire user du matérialisme dialectique et historique pour comprendre le moment historique particulier que représente l’après-guerre. Il ne s’est pas contenté de faire dudit « marxisme » un usage orthodoxe qui consisterait à appliquer mécaniquement des concepts sur une réalité pourtant différente.
Ainsi, la convergence du libéral et du libertaire, l’émergence des NCM et la nécessité de comprendre l’actualisation du prolétariat, le procès de consommation en rapport avec la production du fait de la soi-disant « société de consommation » ainsi que le déploiement du néofascisme sont autant d’éléments qui permettent non seulement de comprendre les mutations du capitalisme mais aussi la «métamorphose de la lutte des classes».
Cette méthodologie particulière permet de mieux saisir les enjeux contemporains et de proposer les moyens de combattre efficacement, et non de manière archaïque et vaine, le capitalisme, par une compréhension éthique qui inclut la subjectivité (non l’individualisme) dans le procès objectif de production (« éthique de la praxis ») (1).
Sans cela, nous en restons à une lecture orthodoxe et quasi-religieuse de Marx sans comprendre la force du matérialisme dialectique et historique… (2)
→ À lire aussi : Michel Clouscard, penser l'histoire et son actualité
Quant à Bernard Friot, celui-ci a su, derrière la légende historique de 1945 (répétée en boucle, y compris par les communistes), rétablir la réalité historique de 1946 contre 45.
Il a fait la démonstration de l’existence d’une classe ouvrière en acte, capable de mener la lutte des classes.
Ce que montre Friot, c’est la capacité réelle et non idéelle de la classe ouvrière de subvertir le travail à la tâche capitaliste par l’emploi, puis l’emploi par le salaire à la qualification personnelle.
Bref, il s'agit une fois de plus de sortir de l'orthodoxie vers laquelle tous les petits Torquemada de l’Église officielle voudraient ramener le marxisme, pour révéler la puissance de la classe ouvrière et des organes de classe quand ils sont organisés.
C’est pourquoi il nous semble absolument nécessaire de ne pas verser dans le catéchisme mais de tenir compte de ces acquis théoriques pour mener correctement la lutte des classes et sortir des anathèmes.