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Médecine

Approches et controverses : L'opposition médecine conventionnelle-non conventionnelle ou allopathique-holistique

On entend parfois parler d'approche holistique de la médecine, opposée à une médecine dite allopathique. Les scientifiques récusent ces appelations et préfèrent parler de médecine conventionnelle et non-conventionnelle. Ces distinctions sont-elles pertinentes ?

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Par Aurélien

Lecture 20 min

Cet article fait partie d'un dossier complet sur la médecine. Les arguments qui y sont développés s'inscrivent donc dans une totalité. CF : le sommaire.

Sommaire :
  1. Les paradigmes capitalistes de la médecine

  2. La crise du COVID-19 comme symptôme de la maladie capitaliste

  3. Qu'est-ce que le vivant ? Un bref horizon des réponses philosophiques et scientifiques

  4. Qu'est-ce que la santé ? De l'anormalité et l'anomalité

  5. Qu’est-ce que la médecine ? La leçon d'Hippocrate

  6. Approches et controverses : L'opposition médecine conventionnelle-non conventionnelle ou allopathique-holistique

  7. La médecine prise en otage : Entre scientisme et pseudo-science

  8. Des lobbys corrompus aux charlatans de province : Conséquences et dérives de la médecine bourgeoise

  9. Darwin complotiste ? Le néo-kantisme contre Darwin

  10. Refondation thérapeutique : Propositions pour une pratique communiste de la santé

Suite du dossier :

La médecine vise à maintenir un équilibre appelé santé chez ses patients en s’appuyant sur une approche biologique et psychologique. Son exercice s’appuie sur une base théorique commune aux praticiens. Mais, de par l’importance de l’expérience dans la profession et la constante évolution des savoirs médicaux, les praticiens peuvent avoir des approches pratiques divergentes.

On oppose, dans certains milieux, deux approches de la médecine. La première, dite « allopathique », qui désigne la médecine conventionnelle, enseignée à la faculté et pratiquée par la plupart des médecins. Et une seconde, dite « holistique », qui correspond à l’ensemble du très large spectre des médecines « alternatives », dont fait notamment partie la « naturopathie ».

Ces termes posent tous d’énormes problèmes que nous allons étudier. Encore une fois, notre travail est philosophique et non pas scientifique, c’est-à-dire qu’il vise à définir une perspective philosophique de la médecine en s’appuyant sur les théories, notamment épistémologiques de la médecine, mais également en critiquant et reprécisant les représentations attachées aux mots associés au domaine médical.

De plus, nous aimerions signaler que nous allons employer ici des conceptions simplifiées, mais non simplistes, des théories évoquées à des fins de compréhension. À l’instar du mécanisme et du finalisme, ces courants sont bien plus riches que la présentation que nous pouvons en faire ici, mais, pour l’explication des enjeux, nous pensons qu’une simplification pédagogique est nécessaire pour faire apparaître les principales contradictions à l’œuvre dans notre sujet.

Commençons par dire que la classification de la médecine en opposition « allopathique » contre « holistique » ne va pas de soi et n’est pas acceptée par tout le monde. Cette distinction est avant tout proposée par les tenants de la médecine holistique pour se différencier de ce à quoi ils s’opposent. Du côté de la médecine allopathique, on préfère parler de médecine conventionnelle et de médecines non-conventionnelles.

La médecine conventionnelle considère cette distinction entre allopathique et holistique comme dangereuse car cette dernière recoupe un champ de perspectives très larges et non démontrées (comme l’homéopathie) induisant en erreur les malades. Elle considère également qu’en s’opposant de manière brutale à une médecine conventionnelle présentée comme « médecine officielle », la médecine holistique présente de nombreux risques de dérives sectaires auxquels sont particulièrement sensibles les malades, en les soumettant à de nombreux biais d’opposition et de confirmation.

De son côté, l’approche holistique considère que cette critique de la part de la médecine allopathique est une manière de mieux asseoir son impérialisme idéologique dans le domaine médical au service de lobbys qu’elle dénomme « Big Pharma ».

La médecine conventionnelle (allopathique) considère donc la médecine non-conventionnelle (holistique) comme dangereuse et trompeuse, et la médecine holistique (non-conventionnelle) considère la médecine allopathique (conventionnelle) comme étant un pur mensonge idéologique au service de divers lobbys pharmaceutiques. Nous tombons alors dans un cercle sans fin où l’un accuse l’autre de tromper les malades qui sont les premières victimes de cette cacophonie médicale, éloignant les gens du soin par lassitude et scepticisme, ou les enfermant dans des positions dogmatiques, nocives dans tous les cas. Que faire ? Comment sortir de cercle vicieux ? Pour y voir plus clair, commençons par exposer les méthodes des deux approches pour les définir.

La Clinique du docteur GrossLa Clinique du docteur Gross (Thomas Eakins / Wikipédia)

La médecine conventionnelle n’est pas la première à apparaître dans l’histoire de la médecine, puisqu’elle est la médecine en vigueur de nos jours. Pourtant, nous avons dit que la médecine holistique s’était constituée en s’y opposant, ce qui suppose qu’elle lui soit postérieure : cela est vrai. Cependant, la médecine holistique renoue, selon ses dires, avec l’héritage des médecines dites traditionnelles ou populaires, comme la médecine chinoise ou l’herboristerie, pratiquée dès l’antiquité. En ce sens, on peut la considérer comme moins récente que la médecine conventionnelle. Ceci étant, cette dernière s’inscrit aussi dans une logique historique de la médecine, mais elle y rajoute quelque chose de fondamentalement nouveau : la méthode scientifique et l’ensemble des résultats qui en découlent, ainsi que la technique moderne.

Nous l’avons suffisamment écrit, le détour par la méthode scientifique fut une nécessité pour que la médecine acquiert ses lettres de noblesse. En quoi consiste-t-elle ? La méthode scientifique est basée sur deux méthodologies : l’induction et la déduction. L’induction consiste à faire des observations, qui permettront de formuler des principes. La déduction permet d’orienter des observations à partir des principes pré-formulés. Elle s’établit à partir du principe de causalité, lequel permet de construire, entre autres sciences, une connaissance du vivant. Celle-ci s’appuie donc sur l’étude des liens nécessaires entre des causes et leurs effets. Le travail du chercheur est donc d’opérer alternativement par induction et déduction, évaluant et réévaluant la relation entre ses hypothèses et ses observations. Les résultats de ces expériences sont appelés des « faits », on parle donc de médecine expérimentale ou d’evidence based medecine (médecine basée sur des faits (1)).

Le protocole standard d’évaluation des pratiques médicales conventionnelles porte le nom d’essai contrôlé randomisé ou randomisation en double aveugle. Son but est d’évaluer l’effet et/ou l’efficacité d’un produit ou d’une pratique à visée thérapeutique. Pour cela, les sujets d’étude sont répartis en deux groupes, dont l’un se verra administrer la substance ou l'action à visée thérapeutique, et l’autre, appelé groupe témoin, se verra administrer un placebo. Le placebo est une action ou une substance n’ayant pas objectivement de propriété thérapeutique, mais qui peut avoir en avoir l’effet si le sujet croit en ses bienfaits. Il est considéré comme crucial, pour l’essai contrôlé randomisé, que les sujets soient répartis aléatoirement et que cette randomisation soit inconnue des administrateurs et des chercheurs. L’essai contrôlé randomisé est donc une étude en double aveugle. Ces caractéristiques des méthodes d’évaluation des pratiques médicales conventionnelles ont été établies pour minimiser autant que possible le risque de biais, et ainsi être le plus représentatif des effets réels d’une action à visée thérapeutique.

On opère ensuite des mesures et comparaisons statistiques de différents paramètres recherchés chez les patients. On dévoile ensuite à quel groupe appartient chaque patient. Si les résultats statistiques s’avèrent significativement supérieurs pour l’action à visée thérapeutique, et qu’ils correspondent aux attentes prévues par les scientifiques, l’hypothèse est validée. On réplique alors l’expérience un maximum de fois pour valider les résultats des premières expériences, et ce à travers plusieurs laboratoires différents, toujours afin de limiter les biais. Puis on en déduit une moyenne, qui, si elle s’avère significativement opérante, vient renforcer la validation de l’hypothèse. Dans le même temps sont aussi menées d’autres recherches, en s’appuyant sur d’autres paramètres, pour essayer d’invalider les résultats de la première expérience. C’est un processus extrêmement long et minutieux, mais il est le seul moyen que nous avons pour être à peu près sûrs de l’efficacité d’un traitement et d’éviter un maximum de risques pour les patients.

La médecine conventionnelle procède donc par le développement scientifique de traitements, notamment médicamenteux, qu’elle administre ensuite aux malades pour les traiter sous la prescription d’un médecin formé et averti.

Hua Tuo soignant Guan Yu héros des Trois RoyaumesHua Tuo soignant Guan Yu héros des Trois Royaumes (Utagawa Kuniyoshi / Wikipédia)

La médecine holistique, de son côté est, beaucoup plus difficile à définir. Tout d’abord parce qu’elle recoupe une quantité importante d’approches extrêmement diverses, allant des médecines traditionnelles comme la phytothérapie ou la médecine chinoise, à des approches apparues plus tardivement, comme la naturopathie, l’hypnose ou l’homéopathie. La difficulté vient du fait que se côtoient sous cette appellation autant d’approches thérapeutiques qu’il existe de propositions opposées à la médecine conventionnelle. Ainsi, derrière les termes trop larges de « médecine holistique » se trouvent des approches très variées, pouvant être en contradiction entre elles, et ayant une valeur scientifique très inégale.

Certaines pratiques, comme la médecine traditionnelle chinoise (2) ou un type de naturopathie (3), qui sont aujourd’hui reconnues, au moins en partie, par l’Organisation Mondiale de la Santé, sont rangées derrière la même dénomination que des pseudosciences notoires comme la médecine « quantique », la médecine « anthroposophique » ou encore la « lithothérapie » issues de sectes ou groupes « new-age ». Sans compter le fait que, bien que l’OMS ait reconnu des vertus à certaines médecines non-conventionnelles, leur domaine spécifique reste difficile à définir, mais surtout, la validation théorique d’un ensemble de principes généraux n’est pas une validation en soi des pratiques particulières de certains « thérapeutes » autoproclamés également soumis à de nombreux biais, parfois de même nature que ceux évoqués à l’instant (4).

Entre ces extrêmes pullulent dans la grande famille holistique un ensemble d’approches au statut flou comme l’acupuncture, l’ostéopathie ou l’homéopathie, dont la reconnaissance fluctue selon les années et les pays – il ne s’agit pas ici de se positionner pour ou contre ces pratiques : encore une fois c’est un travail philosophique que nous menons, pas scientifique.

Ne pouvant pas définir de manière empirique la médecine holistique du fait de la trop grande disparité des approches qu’elle recoupe, et donc ne nous donnant pas la possibilité d’extraire d’un ensemble de pratiques suffisamment proches un ensemble de principes communs, il ne nous reste que la possibilité d’une tentative d’explication rationaliste de cette médecine, c’est-à-dire en partant de l’analyse des mots.

Le terme holistique est dérivé du mot grec hólos signifiant « entier ». Le holisme est une théorie philosophique datant de l’antiquité. Il s’agit dans cette théorie de poser l'étude de la réalité des phénomènes dans leur unité, sans les diviser. Cette théorie se rapproche du monisme, qui pose l'unité entre l'esprit à la matière, opposée au dualisme.

On la retrouve dans le matérialisme de l’antiquité, chez Démocrite et Épicure, qui postulent l’atome comme unité de l’Être. Mais elle est également retrouvée chez Aristote, qui s’oppose à Platon, et pour qui l’Être se ramène à la substance, dont la fonction est d’ordonner la matière. On le retrouve bien plus tard chez Hegel, pour qui la matière est l’incarnation de l’Idée Absolue, et dont l’unité fondamentale est l’expression, fondant ainsi le principe dialectique d’unité des contraires. Cette idée sera reprise par Marx, qui la remet sur ses pieds en montrant l’unité de la matière et de l’esprit en tant que ce dernier est le reflet de la première et non l’inverse. On parle alors de monisme dialectique.

Dans la conception holistique de la médecine, le patient est donc considéré avant tout comme une totalité, une unité fondamentale entre le corps et l’esprit, un corps-sujet. Comme nous l’avons vu, la médecine holistique s’est construite en opposition à la médecine conventionnelle qu’elle appelle « allopathique ». Si elle est une médecine qui repose sur une conception moniste du patient, c’est qu’elle suppose la médecine allopathique comme dualiste. Le dualisme pose une différence de nature entre la matière et l’esprit, entre la matière et la métaphysique.

Là aussi, ce courant philosophique puise ses racines dès l’antiquité. Très naturellement, ayant évoqué Aristote, nous devons ici faire mention de Platon, pour qui les Idées ont leur existence à part entière en tant que formes au sein du Monde des Idées, et dont l’incarnation matérielle n’est que la manifestation phénoménale et terrestre. Mais c’est surtout chez Descartes que cette théorie va trouver une de ses plus grandes expressions. Pour lui, il existe deux types de substances, la res cogitans (l’âme) et la res extensa (le corps/l’étendue). La première est donnée directement par Dieu alors que la seconde provient de la nature. C’est donc une théorie idéaliste qui introduit l’esprit comme facteur métaphysique extérieur à l’homme et qui, par conséquent, rend le corps autonome, à la manière qu’un robot (bien que Descartes n'exclut pas la possibilité d’une interaction entre les deux, au contraire).

La médecine allopathique serait donc une médecine réductionniste ne parvenant pas à saisir le patient dans sa totalité. Si l’on s’en tient à la description du dualisme de Descartes et au fait que le propre de la médecine conventionnelle est d’utiliser des traitements à base de substances actives, on peut déduire que, pour la médecine holistique, l’allopathie est dans l’oubli du « spirituel ». Ce terme est ambigu et recoupe autant la spiritualité que l’esprit dans sa conception psychologique.

En dépit des faits – que nous étudierons après –, nous pouvons déduire logiquement que la médecine allopathique serait insuffisante dans son approche, mais surtout qu’elle réduirait le patient à son statut de malade : si son seul mode d’opération est l’administration de médicament issue d’une randomisation en double aveugle, c’est qu’elle ne peut envisager l’administré que comme une organicité maladive du fait qu’elle ne peut entretenir avec lui qu’un rapport basé sur la médiation du médicament posé comme seul facteur objectif, du fait de la « preuve » qu’il porte en lui.

Au contraire, la médecine holistique considère avant tout le patient comme une personne, c’est-à-dire qu’elle lui octroie un statut qui reconnaît sa qualité de corps-sujet mais également son existence en dehors de la maladie. Rappelons que la critique de l’allopathie que nous dressons ici n’est pas notre critique mais la critique de la médecine holistique, qui s’est posée en s’opposant à la médecine allopathique.

On peut donc définir la médecine holistique comme une approche qui se veut totalisante de la médecine, qui considère le patient comme une personne, en opposition à une conception allopathique réductionniste qui considère le patient comme un porteur de maladie. Nous disposons maintenant d’un critère pour discriminer ce qui est ou n’est pas une thérapeutique holistique.

Il ne s’agit pas pour nous maintenant de faire une liste approfondie de tout ce qu’on a pu classer derrière le terme holistique afin de trier le grain de l’ivraie, ce qui serait beaucoup trop long. Néanmoins, nous souhaitons nous livrer à une étude de cas de la naturopathie, sans nous positionner pour ou contre, au vu de sa popularité au sein des thérapeutiques holistiques. Tout d’abord en examinant si elle en fait partie, puis en exposant ses principes et son mode d’action pour comprendre la méthode et l’application concrète de ce que serait une médecine holistique. Encore une fois, nous reviendrons sur le morphème « naturo » et les problèmes qu’il pose plus tard.

Sebastian Kneipp un des principaux inspirateurs de la naturopathieSebastian Kneipp un des principaux inspirateurs de la naturopathie (Auteur inconnu / Wikipédia)

Du point de vue théorique, la naturopathie considère l’accumulation empirique des résultats de sa pratique comme faisant office de preuve de son efficacité. La naturopathie met donc l’accent sur la dimension empirique de la médecine. Il n’existe pas d’organisme officiel réglementant la naturopathie, ou tout au plus diverses « écoles », plus ou moins reconnues suivant les pays où elles se trouvent. La valeur de ces traitements reste donc relative aux « thérapeutes » qui la pratiquent et à leur niveau de formation.

La naturopathie est une thérapeutique qui vise à maintenir l’équilibre de l’organisme par des moyens qu’elle prétend « naturels ». Comme nous l’avons vu, la santé repose sur l’un des trois principes du vivant qu’est l’homéostasie, c’est-à-dire l’équilibre entre les différents constituants du corps. La naturopathie postule la présence dans le corps d’une force de vie — ou d’énergie vitale dans l’organisme — dont l’ensemble des manifestations, tant positives que négatives, seraient l’expression. Pour elle, le corps a la capacité de se guérir seul si on lui donne les moyens. L’environnement de l’individu et son corps sont perçus comme un terrain qui prime sur la maladie en soi. Son objectif consiste à renforcer ce terrain pour qu’il ne s’y développe pas de maladie.

Pour ce faire, elle fait appel à des exercices de renforcement physiologique et à l’apport de substances à biodisponibilité maximale (c’est-à-dire pouvant atteindre la circulation sanguine en restant inchangés) comme les nutriments. D’emblée, on remarque qu’elle s’oppose à la médecine conventionnelle en cela qu’elle ne se contente pas d’administrer un médicament pour traiter une maladie en cours. Au contraire, la naturopathie propose une prise en charge préventive de l’individu plutôt qu’un soin des malades. Elle concentre ses efforts sur l’ensemble des pratiques que l’on a habitude d’appeler mesures d’hygiène. L’hygiène désigne l’ensemble des moyens individuels et collectifs pour préserver et favoriser la santé. En ce sens, la naturopathie est un hygiénisme.

La maladie (dans son acception purement physiologique) n’est pas considérée dans la naturopathie comme un trouble à éliminer. Elle est ici considérée comme un des modes d’existence du vivant, un mode d’expression de la force vitale présente en nous, en ce sens qu’elle serait un moyen pour l’organisme de se purifier de diverses « toxines » entravant le bon fonctionnement physiologique du corps.

Il s’agit alors plus d’accompagner la maladie dans sa fonction que de chercher à s’en débarrasser. Non pas qu’il soit préférable de s’y conformer, au contraire, mais plutôt de faire en sorte qu’elle puisse remplir son rôle physiologique sans danger pour l’organisme. Pour la naturopathie, la médecine conventionnelle entrave ce processus de rééquilibrage physiologique de l’organisme par lui même en cherchant à empêcher que la maladie puisse arriver à terme, administrant des médicaments qui bloquent ou suppriment ces processus.

La naturopathie procède tout d’abord par l’établissement par le thérapeute d’un bilan de santé qui dépasse la liste des antécédents médicaux du patient ; c’est un véritable tableau de fond qui est fait de ce dernier, afin de cibler les troubles internes à l’origine de la maladie (carences ou faiblesses par-ci, surplus de toxine par-là). Ainsi, la naturopathie ne se contente pas de traiter de manière isolée ce que le patient a identifié comme problématique et qui l’a amené à voir le médecin, ce qu’on appelle des symptômes. En naturopathie, les symptômes sont la manifestation de déséquilibres plus profonds dans l’organisme, n’ayant parfois rien à voir avec la zone du corps ciblée par le patient.

Cette approche se distingue radicalement de l’approche conventionnelle, laquelle n’opère justement que par l’élimination de ces symptômes. En naturopathie, c’est là quelque chose de très grave, car en éliminant les symptômes sans s’attaquer aux déséquilibres plus profonds dans l’organisme, la médecine conventionnelle expose l’organisme à une aggravation des causes mêmes de la maladie.

La naturopathie procède donc en deux temps. D’abord, elle cherche à prévenir la maladie par la pratique d’une hygiène naturelle. Puis, si la maladie apparaît, elle cherche à l’accompagner dans sa fonction purgative afin de retourner à un équilibre de départ qu’elle nomme terrain. Le naturopathe commence donc par l’élaboration d’un bilan de santé puis donne ses indications d’après les besoins du patient. Cela commence souvent par un changement radical du mode de vie de ce dernier.

La première étape est la modification de l’environnement direct de la personne : il doit être adapté et ergonomique, stimulant mais aussi non pollué et non sujet à la provocation de stress. Ensuite viennent les pratiques d’hygiène individuelle physiologique, comme l’alimentation en macro et surtout en micro-nutriments, la pratique de cures (pour se focaliser sur un micro-nutriment en particulier par exemple), mais aussi de détoxifications (par le jeûne notamment), et enfin des pratiques de développement et de renforcement physique par l’exposition modérée à diverses contraintes suivies de phases de repos (musculation, étirement, cardio, exposition au chaud/froid). Pour la partie psychologique, des exercices de méditation, de visualisation ou d'auto-hypnose sont conseillés, ainsi que le maintien de relations sociales stables et enrichissantes.

Si malgré tout cela, la maladie intervient ou bien que le naturopathe la constate à l'examen, il conseillera le patient sur les pratiques spécifiques à adopter pour accompagner et soulager les symptômes par la détoxification. Enfin, il lui prodiguera des conseils sur les cures spécifiques à adopter pour combler ses carences à l’origine de ses dysfonctionnements, pouvant même lui administrer des compléments alimentaires indiqués en cas de besoin extrême, sans pour autant s’y limiter.

En résumé, la médecine conventionnelle (allopathique) et la médecine non-conventionnelle (holistique) se distinguent toutes deux par leur approche. La médecine conventionnelle s’appuie sur la méthode de la randomisation en double aveugle pour administrer à ses patients des médicaments démontrés efficaces pour les traiter. La médecine holistique, de son côté, est un ensemble de contre-médecines diverses qui posent la première comme dualiste, c’est-à-dire comme séparant l’esprit de la matière chez l’individu, ce qui a pour conséquence de considérer le patient uniquement comme un malade à soigner.

En s’opposant à cette vision, la médecine holistique se pose à l’inverse comme un monisme reliant l’esprit au corps pour considérer le patient comme un individu existant en dehors de la médiation du médicament, du fait de sa dimension empirique ne reconnaissant pas la randomisation en double aveugle comme une nécessité. Par des pratiques thérapeutiques comme la naturopathie, qui postulent l’agissement d’une force vitale à l’œuvre dans l’organisme, la médecine holistique tend à proposer un modèle de santé qui met la priorité sur la notion d’hygiène, visant à rééquilibrer cette dite force qui s’exprime dans les diverses manifestations du vivant.

Article suivant : La médecine prise en otage : Entre scientisme et pseudo-science

Montage Sorcières de Goya et PlaceboMontage Sorcières de Goya et Placebo (Affranchi / Affranchi)


Sources :

(1) Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865


Sources images :

Auteur inconnu : Kneippkur

Léon Lhermitte : La leçon de Claude Bernard

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